La fragilité du pouvoir de Tchiani
Le général Tchiani, nouveau détenteur du pouvoir au Niger après le coup d’État perpétré contre l’ex-président Bazoum Mohamed, est parvenu à remporter une première manche importante en se faisant proclamé chef de l’État par les siens. Cependant, cette première victoire est loin de marquer la fin du combat. Son pouvoir est fragile. Tchiani navigue en effet sur une mer agitée et les défis qui l’attendent sont multiples.
La contestation interne ne cesse de s’intensifier, tandis que la communauté internationale durcit le ton, en réaction à l’enchaînement des coups de force militaires dans la sous-région – Mali, Burkina Faso, Guinée, Tchad depuis 2020, et maintenant le Niger.
L’ultimatum de la CEDEAO et la menace de sanctions
Le dernier coup porté à Tchiani provient des chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Dimanche dernier, ils ont fixé un ultimatum d’une semaine au Conseil National pour la Sauvegarde de la Démocratie (CNSP), la junte militaire au pouvoir au Niger. Ils ont exigé un “retour complet à l’ordre constitutionnel”, n’excluant pas un “recours à la force” si cet objectif n’était pas atteint.
De plus, ils ont décidé de fermer leurs frontières terrestres et aériennes et de “suspendre toutes les transactions commerciales et financières” entre les États membres de la CEDEAO et le Niger avec effet immédiat. Toutes ces sanctions ont pour objectif de rétablir au pouvoir Bazoum Mohamed, un président dont l’élection est controversée, dont la nationalité nigérienne fait l’objet de doutes, et qui manque de légitimité.
La position de la CEDEAO suscite indignation et incompréhension tant au Niger que dans certains de ses pays membres dont le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry qui ont décidé de ne pas appliquer ces sanctions. La CEDEAO violant son protocole sur la bonne gouvernance démocratique, semble prête à semer le chaos et la désolation dans un pays de 23 millions d’habitants à l’économie déjà exsangue pour satisfaire l’égo d’un chef d’État déchu.
Le dilemme de la junte militaire face à l’ex-président
Face à cette situation complexe, les Nigériens peinent à comprendre la passivité du CNSP vis-à-vis de l’ex-président Bazoum Mohamed. La junte se doit d’énoncer clairement les conséquences auxquelles il devrait faire face si les sanctions de la CEDEAO contre le Niger étaient effectivement appliquées. En attendant la fin de l’ultimatum de l’institution régionale, il devrait prendre la parole et demander que les sanctions prévues contre le Niger ne soient pas appliquées, car la priorité demeure avant tout les intérêts supérieurs de la nation et non le retour à un fauteuil présidentiel perdu. Si Bazoum ne prend pas cette initiative avant l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO, les Nigériens n’auront d’autre choix que d’intervenir eux-mêmes. Ils n’accepteront jamais que la paix sociale, leur avenir, celui de leurs enfants et du pays soient mis en péril à cause de l’obsession présidentielle d’un certain Bazoum Mohamed. Le CNSP est donc averti : le peuple est déterminé et prêt à défendre ses droits et son avenir.
La Rédaction