Comme vous le savez, rien ne va plus entre les syndicats des magistrats et des avocats, d’un côté, et la COLDEFF (Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale), de l’autre. Le SAMAN et le Barreau sont en effet vent debout contre les méthodes ‘’bulldozer’’ de la Commission dirigée par le colonel Abdoul Wahid Djibo. Si les avocats se sont vus refuser le droit d’assister leurs clients devant la COLDEFF, en violation du principe universel des droits de la défense, les magistrats, eux, risquaient tout simplement de se voir dessaisir des dossiers pendants devant les juridictions compétentes. D’où l’appel du syndicat des magistrats à ses militants membres de la COLDEFF à rendre le tablier.
Le oui… mais des militants concernés
Lors de sa sortie médiatique du lundi 19 février 2024, le SAMAN avait dénoncé une « cabale contre l’institution judiciaire » et présenté la COLDEFF comme une institution « prédatrice des droits fondamentaux des citoyens ». Conséquence, le syndicat des magistrats avait appelé, avec insistance, ses deux (2) militants encore membres de la COLDEFF à rendre le tablier « sans délai pour éviter d’être comptables de cette gageure contre le pouvoir judiciaire ». Depuis le départ forcé du premier vice-président de la COLDEFF, le magistrat Issoufou Yacouba, il ne restait plus que deux (2) magistrats au sein de l’institution chargée de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Ces magistrats ont été personnellement saisis par leur syndicat, lequel avait appelé l’ensemble de ses militants à rester mobiliser pour faire échec aux prétentions ‘’inacceptables’’ de la COLDEFF. Les magistrats interpellés ne seraient pas insensibles à l’appel pressant du SAMAN, mais, à ce jour, ils n’ont donné aucune suite concrète à cet appel. Et pour cause…
Menaces sur le salaire
Quoique membres de la COLDEFF, les magistrats ne sont pas toujours d’accord avec ses méthodes, notamment le refus aux avocats du droit d’assister leurs clients, alors même que l’avocat est un professionnel du droit dont la mission principale consiste à conseiller, assister et représenter ses clients dans le cadre de procédures juridiques. Bien avant la démission de Issoufou Yacouba, un magistrat avait déjà claqué la porte de la COLDEFF en déposant une lettre de démission sur le bureau du président de l’institution. Une lettre dont le SAMAN et le président du CNSP, le général Abdourahamane Tiani, ont été saisis. Mais cette démission a été refusée. Aujourd’hui, plus qu’hier, on ne veut pas entendre parler encore de démission à la COLDEFF. Si les deux (2) magistrats franchissent le Rubicon, ils risqueraient de se voir couper le salaire de magistrat, et cela tout le temps que durera la Transition. Ou plus grave, ils seraient menacés d’être purement et simplement renvoyés du corps de la magistrature. Du bluff pour les tenir en laisse ou des menaces sérieuses ? Ces menaces semblent être prises très au sérieux par les concernés et par le SAMAN qui les qualifie d’inacceptables. Dans le cas où la menace de couper les salaires serait mise en œuvre, le syndicat des magistrats aurait proposer à ses deux militants siégeant au sein de la COLDEFF de prendre en charge leurs salaires et d’attaquer la décision devant les tribunaux compétents. Mais nous n’en sommes pas encore là. Toutefois, les magistrats sont unanimes à reconnaître que l’heure est très grave. Affaire à suivre…