Niger Airlines est la principale compagnie aérienne nigérienne. Fondée le 31 juillet 2012, elle s’est donnée pour ambition de combler le vide laissé par Air Niger et contribuer au désenclavement du pays. Elle ambitionne également, à court et moyen terme, de desservir les principaux aéroports de la sous-région et, à long terme, du Maghreb, une partie de l’Europe et du Moyen-Orient. Des ambitions qui sont une opportunité de faire connaitre le Niger sur le plan du transport aérien international. Mais cela n’est pas du goût de tout le monde.
Des ambitions contrariées
Le 14 novembre 2019, dans le cadre de l’acquisition d’un avion de type Fokker 27 Mark 50, Niger Airlines sollicite l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) pour une inspection de l’appareil, conformément aux dispositions des textes et règlements en vigueur au Niger. C’est ainsi que l’ANAC a dépêché une mission de deux inspecteurs en navigabilité à Jakarta (Indonésie) du 08 au 16 décembre pour une inspection de pré-classification de l’avion. Aux termes de cette inspection, aucune constatation majeure de nature à compromettre la navigabilité de l’avion n’a été relevée. Aussi, le Fokker 27 Mark 50 pouvait être importé au Niger pour y être exploité. A noter que cette mission a été prise en charge par Niger Airlines. Mais, curieusement, quand l’avion arrive à Niamey, il est bloqué pendant un peu plus de onze (11) mois sur le tarmac de l’aéroport, à la merci du rude climat nigérien. L’ANAC invoque une question d’immatriculation.
Après six mois d’exploitation, l’avion est de nouveau immobilisé : l’ANAC invoque cette fois des ennuis techniques de l’appareil qui nécessiteraient une maintenance. Niger Airlines se plie à cette exigence. La compagnie aérienne opte pour une société européenne qui dispose d’un centre de maintenance au Kenya. L’ANAC y dépêche deux inspecteurs, toujours aux frais du transporteur. Le choix du Kenya est rejeté. L’ANAC exige une maintenance en Europe, plus coûteuse. Niger Airlines consent et va vers la société Amapola Fly AB, en Suède, mondialement reconnue dans le domaine de la maintenance aéronautique. La maintenance dure du 17 janvier au 31 mars 2022. Des missions de l’ANAC vont séjourner en Suède aux frais de Niger Airlines, avec des frais de mission facturés à 280.000 F CFA/jour. 6 jours minimum par mission, mais l’une d’elles a duré 19 jours. Une véritable saignée pour Niger Airlines. Coût de la maintenance : 800 millions F CFA. De retour à Niamey, l’avion remis à neuf de fond en comble est de nouveau inspecté par l’ANAC. Mais l’Agence ne trouve rien à redire, elle délivre à Niger Airlines un certificat de navigabilité valable pour un an. Au moment où l’avion était en maintenance en Suède, une nouvelle compagnie aérienne privée est créée à Niamey. Simple coïncidence ou volonté de contrer Niger Airlines ?
L’ANAC passe à la vitesse supérieure : les vols du Fokker suspendus
Alors qu’une compagnie ukrainienne dont les avions sont cloués au sol du fait de la guerre voulait mettre deux d’entre eux à la disposition de Niger Airlines, le DG de l’ANAC, Ayaha Ahmed, adresse une correspondance datée du 31 octobre 2022 au DG de Niger Airlines, Abdoul Aziz Larabou, l’informant de la suspension des vols du Fokker 27 Mark 50. Raison invoquée : des pannes multiples et des plaintes des passagers. Selon un expert de l’aviation civile internationale, « l’ANAC se doit de vérifier que le déroulement des opérations est conforme à ce qui est prévu dans les manuels de la Compagnie, mais la prise en compte des ‘’plaintes’’ des passagers ne relève pas de l’Autorité et n’est pas une raison suffisante pour mettre une compagnie au sol sauf si de vrais manquements ont été constatés et notifiés au préalable à la Compagnie ». Ce qui n’est pas le cas. « En général, il faut plusieurs alertes écrites adressées par l’Autorité à la Compagnie en demandant à celle-ci de rectifier ce qui ne va pas, puis, si rien n’est fait dans les temps impartis, une éventuelle mise sous surveillance est prévue et, enfin, si rien ne change, l’Autorité peut décider de la suspension du PEA », précise encore l’expert.
Curieusement, la lettre du sieur Ahmed a fuité sur les réseaux sociaux le jour même où elle a été signée par l’intéressé, c’est-à-dire le lundi 31 octobre 2022, alors même que le principal destinataire ne l’a reçu que le mardi 1er novembre 2022. Le DG de l’ANAC voulait-il ternir la crédibilité et l’image de Niger Airlines ? Dans quel but ? Pour le compte de qui ? Cette cabale risque de déteindre sur l’image du Niger à l’extérieur, l’ANAC et Niger Airlines ayant toutes les deux des partenaires étrangers. Affaire à suivre…