Plus personne de sensée, n’est censée croire une seuleseconde, à la fable des indépendances de nos États dans les années 1960. On le sait aujourd’hui et on le dit sans équivoque, cette forme d’indépendance était plus formelle (pour la forme) que réelle, c’est-à-dire, en acte. Pour autant, une impulsion à été donnée qui pourrait connaître son achèvement de nos jours, avec le sursaut patriotique qui se dessine dans les pays du Sahel (pour le moment ceux de l’AES).
C’est ici et maintenant, que nous allons être réellementindépendants, si nous parvenons à déjouer toutes les embûches qui parsèment notre chemin. Et les deux plus redoutables pièges sont, à n’en pas douter, la sécurité et la souveraineté, qui d’ailleurs, sont intimement imbriquées, à tous les niveaux.
Souveraineté
On vous susurre à l’oreille que ce concept de souveraineté est une vue de l’esprit, dans un monde où tout est lié, interdépendant. Aucun pays, disent-ils, ne peut vivre en autarcie et se développer. Un appel du pied pour tolérer la domination de l’autre sur vous. Et l’on parle alors d’impérialisme sans vraiment comprendre ce que l’on dit. Certes, Lénine l’a écrit : « impérialisme, stade suprême du capitalisme », ce qui n’est qu’un constat d’évolution d’un mécanisme économique, in fine, ‘‘normal ’’. Nous allions écrire, ‘’naturel’’, et quelque part, fair-play. Savez-vous que la CIA a dû débourser des sommes mirobolantes pour corrompre des politiciens de la 4ème République française, au plus haut niveau, afin de favoriser le retour du général De Gaulle en 1958, et éviter que ce pays ne bascule dans le Communisme ? C’est de bonne guerre. La puissance économique se traduit toujours par une forme de suprématie, plus ou moins voilée. Tous les pays occidentaux, de facto, sont sous l’œil vigilant de l’Oncle Sam qui veille au grain afin destopper l’expansionnisme de l’Ours Russe. En vérité, l’impérialisme n’est pas un adversaire mortel, mais un tigre en papier comme dira Mao. En fait, ne vous arrive-t-il pas, de temps en temps, que vous songiez à vous plaindre de l’impérialisme Haoussa, Bamiléké, Malinké, Peulh ou Ashanti ? Rien de rédhibitoire au fond. Par contre, le néocolonialisme, apanage des Européens, que l’on veut dissimuler derrière le vocable impérialisme (qui indexe l’Oncle Sam) est le danger, le plus pressant, omniprésent et fatal. Ce système entend jouir de tous les avantages du colonialisme, sans en supporter toutes les charges inhérentes. C’est lui qu’il faut combattre sans faiblesse. C’est quand nous l’aurons vaincu, à plate couture, que nous pouvons dire que nous sommes devenus indépendants. La lutte de Goita, Traoré et Tiani, est une lutte de libération avec les mêmes règles, et les mêmes contraintes, c’est-à-dire, une échelle des priorités. La liberté d’expression, bien entendu, avant tout. Elle est sacrée, mais elle est subordonnée à la sécurité collective.
La sécurité
Le communiqué de la CEDEAO, fait à Abudja le 23 mars 2024, intrigue au plus haut point nos compatriotes, dans la mesure où cette organisation sous régionale, n’est pas, à proprement parler, coutumière d’une telle manifestation de solidarité envers les Etats membres, aux prises à des assauts incessants des terroristes de tout acabit. Mais , il n’est jamais trop tard pour bien faire. Si, au moins, il n’y avait pas des relents d’arrière-pensées, sous-tendant cette initiative. Au niveau de l’amplification médiatique, le communiqué met l’accent sur les pertes énormes du côté des FDS (23 morts) mais passe sous silence la mémorable déculottée subie par les assaillants (30 terroristes neutralisés). Pourquoi ? Le principe de la communication en temps de guerre, est de minimiser ou d’occulter ses pertes et exagérer celles de l’ennemi. La CEDEAO semble ignorer ce principe tactique. Nous croyons lire en filigrane l’intention, informulée, de l’institution régionale à laquelle nous n’appartenons plus de nous conditionner au fait que si nous en bavons autant, c’est parce que nous avons snobé l’appui de nos amis traditionnels. Une invitation subtile à retourner au statu quo ante. Merci Omar Touray ! Trop peu pour nous !
Sécurité et patriotisme
Personne n’a jamais prétendu que la voie que nous avons librement choisie est un long fleuve tranquille. Elle est jonchée de pièges et de mille sacrifices. Nous en sommes conscients. C’est le prix à payer. Du moins, pour tous ceux qui ont la fibre patriotique. Il faut garder espoir en étant convaincu qu’après avoir avalé la pilule amère, la guérison ne peut que suivre. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, nous voyons un peu plus clair qu’avant. Nous voyons qui nous tire dessus et nous savons comment répliquer. Et c’est déjà un grand pas par rapport à la période ténébreuse d’antan.