Vous aurez du mal à le croire, mais nous vous l’affirmons, certains de nos dirigeants peuvent, dans certaines circonstances, se montrer d’une naïveté désarçonnante. Ils sont pourtant très perspicaces dans beaucoup de domaines qu’ils maîtrisent, plus ou moins, mais se montrent, comme inhibés quand leurs interlocuteurs sont de hauts responsables occidentaux, et plus particulièrement, Français. Illustration parfaite d’un complexe d’infériorité enfoui dans leur subconscient.
Partons du postulat que malgré nos indépendances purement formelles des années 1960, ne serait-ce que pour sauver les apparences, nécessairement, nos chefs d’Etat devaient bénéficier d’une certaine marge de manœuvre, aussi infime fût-elle. Notamment quand les directives qui leur tombaient dessus, revêtaient une dimension floue, donnant lieu à interprétation. Même dans un tel cas, le larbin zélé du néocolonialisme, de peur d’être jugé ‘’tiède’’, tend à faire trop, au-delà même des vœux du Mentor.
Parce qu’ils sont persuadés que, quel que soit alpha, il y a un filet de sauvetage sur lequel ils pourront être repêchés en cas de ratage catastrophique. Autrement dit, ils ont, chevillée au corps, l’assurance que le Mentor sera le payeur, s’il y a des pots cassés. On peut toujours rêver…
Les subtilités du langage diplomatique
Jamais, au grand jamais, une haute autorité de l’Administration française, ne fera comprendre en langage clair et intelligible, que son pays paiera les dégâts en cas de dérapage d’une opération plus ou moins douteuse. Nos dirigeants, peu au fait, de ces formes de sous-entendus, comprennent ce qu’ils veulent comprendre et qui tranquillise leur mauvaise conscience. Seulement voilà : en cas de fiasco, il n y plus personne en vue. Démonstration.
Les tribulations du président Patrice Talon
Selon ce qui se dit, le président béninois, sentant venir le moment fatidique de payer la note ( dommages et intérêts, en interne et à l’externe) a couru, comme un dératé, à l’Élysée pour quémander une aide budgétaire urgente, afin d y faire face. Réponse laconique de Macron : « on verra ça plus tard ! Mais, en attendant on peut intervenir si tu veux emprunter sur le marché de l’UEMOA… ». Fin des illusions d’un enfant du pays…
Mohamed Bazoum, optimiste à l’excès
On a bien vu les forfanteries de Macron, faisant mine de soutenir, vaille que vaille, le président renversé du Niger, Mohamed Bazoum. Quand il a affirmé à ce dernier qu’il fera « tout ce qui lui est possible pour le sortir de ce faux pas », celui-ci n’a pas su décrypter le message, l’interprétant imprudemment, dans le sens qui l’aurait arrangé, lui, Bazoum, mais pas nécessairement, la France. Au final, Macron a fait tout ce qu’il pouvait faire, la solution guerrière ne lui étant pas permise. Il n’a pas menti. Il faut seulement bien comprendre ses paroles.
Tinubu, Ado et Sall
En réalité, le président de la République fédérale du Nigéria, Bola Tinubu, tout comme Alassane Dramane Ouattara, fait partie des obligés de Macron pour des raisons aussi diverses qu’inavouées. Tous les agissements- limites du Nigérian sont documentés par des services spécialisés occidentaux et sont autant de leviers pour faire pression sur lui. Quant à Alassane Dramane Ouattara, inutile de s’appesantir sur son cas. Il n’est qu’un simple avatar du président Français. Le Sénégalais Sall, lui, a été plus fin que ses trois autres pairs. Après avoir donné sa position de principe sur les sanctions contre le Niger, il s’est prudemment réfugié derrière des seconds couteaux pour la suite. Sans parler du laxisme observé dans l’application de ces sanctions dans son pays. Apparemment, la note sera moins salée pour le Sénégal.
Le glaive et la balance
Il serait surprenant que tout se passât bien et à l’amiable dans cette histoire à dormir debout. Qu’il n’y ait pas le moindre à-coup, sans bruit, et sans fureur, dans la joie et dans l’entente, des cœurs réconciliés. Ce serait une pure utopie. Nécessairement, les récriminations du Niger, qui a tant souffert des sanctions monstrueuses de la CEDEAO, arriveront au niveau des juridictions adéquates. Et il aura gain de cause, sans le moindre doute. On peut espérer que l’Hexagone, faisant preuve de bon cœur, essayera de soulager les pays Africains condamnés à payer les pots cassés mais, qui au fond, ont voulu simplement lui faire plaisir. A quoi ça tient tout de même, la politique…