La décision du président sénégalais Macky Sall de reporter sine die l’élection présidentielle est un affront flagrant à la démocratie et un coup d’État constitutionnel incontestable. Ce report, qui survient dans un contexte de luttes intestines au sein du parti au pouvoir, révèle une manipulation politique éhontée, orchestrée au mépris de l’intégrité constitutionnelle et de la volonté populaire.
Macky Sall, par cette manœuvre, ne fait pas seulement preuve d’un opportunisme politique, il foule aux pieds la Constitution sénégalaise qu’il est censé protéger et défendre. Ce report n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée de s’accrocher au pouvoir par des artifices juridiques, illustrant son mépris flagrant à l’égard de la volonté du peuple. En agissant ainsi, il expose le pays à des risques de déstabilisation politique et sociale.
Le plus déconcertant dans cette affaire, c’est l’attitude complaisante de la CEDEAO. Cette organisation régionale, qui s’était montrée impitoyable en imposant des sanctions sans précédent au Niger à la suite d’un coup d’État militaire, se montre étonnamment indulgente face à ce qui s’apparente à un coup d’État constitutionnel au Sénégal. En ne condamnant pas fermement cet acte, la CEDEAO fait preuve d’une incohérence flagrante, se rend complice de cette forfaiture et perd toute crédibilité en tant qu’instance garante de la démocratie en Afrique de l’Ouest.
La comparaison avec le Niger est révélatrice de ce deux poids deux mesures. Au Niger, un coup de force militaire a suscité une réaction immédiate et sévère de la part de la CEDEAO. Pourtant, au Sénégal, Macky Sall commet un acte similaire, sapant également les fondements de la démocratie, sans susciter la moindre réprobation de l’organisation. Cette passivité de la CEDEAO envoie un message dangereux : certains actes antidémocratiques peuvent être tolérés, selon qui les commet, ce qui ne ferait qu’encourager l’autoritarisme dans toute la région.
Le report de l’élection présidentielle par Macky Sall est un coup porté à la démocratie sénégalaise. Il révèle un abus de pouvoir et une manipulation politique qui ne peuvent être ignorés. La CEDEAO, en fermant les yeux, trahit son mandat et encourage implicitement de tels actes répréhensibles. Il est temps que cette organisation régionale se ressaisisse et prenne position contre cette dérive autoritaire au Sénégal. La démocratie ne doit pas être une monnaie d’échange politique, une variable ajustable au gré des intérêts politiques.