La récente interview du Général Abdul Salami Abubacar sur BBC Haoussa offre une perspective éclairante, voire inquiétante, sur la complexité de la situation politique au Niger. Derrière la façade officielle des déclarations et des postures, cet entretien révèle les tensions, les dilemmes et les véritables enjeux auxquels sont confrontés aussi bien la CEDEAO que le Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
La CEDEAO, fidèle à ses principes fondateurs, tente de jouer son rôle de gardienne de la démocratie en Afrique de l’Ouest. L’exigence de libération et de rétablissement du président déchu Bazoum Mohamed dans ses fonctions illustre cette fermeté. Mais les réponses du Général Tiani, chef de l’État et président du CNSP, montrent clairement que la situation est plus complexe. “Restaurer Bazoum ? Impossible !”a-t-il déclaré, rappelant que le renversement du régime est désormais un fait accompli. La posture de la CEDEAO, semble donc se heurter à un mur.
Cependant, ce qui retient véritablement l’attention est la dimension humanitaire de la crise. La décision du Nigéria de suspendre sa fourniture d’électricité au Niger, les sanctions économiques de la CEDEAO et la menace d’une intervention militaire placent la population nigérienne en otage d’un bras de fer politique.
L’interview souligne également l’urgence de trouver une solution négociée. Les pénuries de nourriture et de médicaments, couplées aux défis économiques, révèlent le coût humain d’une telle crise. D’où la question : jusqu’où doit-on aller pour défendre des principes démocratiques, lorsque le peuple paie le prix fort ?
En conclusion, l’interview du Général Salami rappelle l’importance du dialogue et de la diplomatie. La situation au Niger nécessite une réponse mesurée. La CEDEAO et le CNSP doivent donc travailler ensemble pour éviter que la situation ne dégénère davantage. Et l’espoir subsiste. L’entame de négociations, même tendues, reste un signe que le dialogue n’est pas rompu. Et dans ce ballet diplomatique, la voix du Niger, de son peuple et de ses leaders, doit être entendue, respectée pour une résolution pacifique de la crise.