Nos États d’Afrique francophone sont truffés d’institutions dont l’efficacité et l’utilité sont fréquemment remises en question. À force de tout copier (notamment nos Constituions) sur l’ancienne puissance coloniale, nous nous retrouvons avec des structures étatiques en total déphasage avec nos impératifs de gouvernance. Le privilège de juridiction des ministres fait partie de ces ‘’copiés-collés’’ qui n’ont pas lieu de figurer dans nos Lois fondamentales. Les grandes démocraties où le personnel politique est soucieux du respect du bien collectif peuvent se permettre des telles singularités. Au Niger, comme en France ou dans nombre de pays francophones, les membres du gouvernement répondent pénalement de leurs actes devant la Haute Cour de Justice (Cour de justice de la République, en France) pour des délits et crimes comis dans l’exercice de leurs fonctions. Une particularité de plus en plus décriée au pays de Molière. Au mois de mai 2022, la commission présidée par Jean-Marc Sauvé (haut fonctionnaire français) a estimé que l’existence de la Cour de justice de la République « constitue un privilège en méconnaissance du principe de l’égalité de tous les citoyens devant la loi pénale […] ».
Cette remise en cause ne date pas d’hier. Déjà en 2013, il a été préconisé de soumettre les ministres à une juridiction pénale de droit commun. La finalité étant de « constituer une instance crédible où les ministres pourraient être jugés pour les crimes et délits qu’ils auraient commis dans l’exercice de leurs fonctions ». Au Niger, tout au long des deux mandats d’Issoufou Mahamadou, la Haute Cour de Justice n’a eu à traiter aucun dossier. Des milliards FCFA ont été ainsi jetés par la fenêtre pour maintenir à flot une institution qui n’apporte aucune plus-value à la marche du pays. On aurait dû affecter cet argent aux tribunaux ordinaires qui en ont grandement besoin. Il n’y a pas que la Haute Cour de Justice qui doit disparaître du paysage institutionnel de notre pays : le CECOC, la Médiature de la République, le ‘’Haut représentant du président de la République’’, et tant d’autres structures, ne sont d’aucune utilité pour le fonctionnement normal d’un État de droit.