Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) se trouve à la croisée des chemins. La tentation fasciste, un spectre qui a tourmenté de nombreux régimes issus de coups d’État, semble planer sur le CNSP sous la direction du général de brigade Abdourahamane Tiani. Neuf mois après leur accession au pouvoir, la désillusion croissante parmi les populations soulève des interrogations sur la capacité et même la volonté du CNSP de rétablir un régime constitutionnel.
L’exemple de Mahamat Idriss Deby Itno du Tchad illustre une tendance inquiétante où les régimes militaires se transforment en autocraties pérennes. Tiani et ses compagnons pourraient -ils être tentés de suivre ce modèle ?
La gestion de la communication et de l’information est cruciale dans ce contexte. L’histoire nous a montrés que pour des leaders comme Mussolini ou Mobutu, contrôler le discours public était la première étape vers la consolidation d’un pouvoir absolu. Le CNSP semble comprendre cette leçon, car il a déjà commencé à distinguer les “révolutionnaires” des “contre-révolutionnaires”, sans fournir de critères clairs pour ces catégorisations. Ce flou sert à isoler et à stigmatiser, préparant potentiellement le terrain pour des abus plus graves.
Cependant, la stratégie du CNSP comporte des risques significatifs. Une frange importante de la société civile est de plus en plus méfiante, se demandant si les putschistes souhaitent vraiment le bien du pays ou simplement prolonger leur règne.
Dans cette période critique, le CNSP doit choisir entre emprunter la voie du fascisme, avec toutes ses conséquences désastreuses, ou engager un dialogue authentique avec toutes les parties prenantes pour rediriger le pays vers une gouvernance plus transparente et inclusive. Il est impératif que la transition vers la démocratie reprenne son cours, non seulement pour éviter la ruine, mais pour construire un avenir où la justice et la prospérité seraient accessibles à tous. Le pouvoir sans la confiance du peuple est un château de cartes prêt à s’effondrer au premier vent de contestation sérieuse.