La situation financière de l’Etat n’est guère reluisante, conséquence d’une gestion chaotique des finances publiques. La dette publique connait une tendance haussière, plus de 5.000 milliards de francs CFA au 31 décembre 2022, soit 52% du PIB. Cette situation doit amener le Gouvernement à songer sérieusement à une réduction du train de vie de l’Etat, notamment au niveau des dépenses d’achats de biens et services.
Mais les gouvernants n’en veulent pas, les marchés publics par exemple étant pour eux une vache à lait. Pour cette année 2023, l’Administration publique a exprimé un besoin de plus de 300 véhicules, toutes marques et toutes catégories confondues, alors même que c’est loin d’être une priorité. Par ailleurs, la rationalisation de l’utilisation des voitures de l’Administration est très loin d’être une réalité. Un responsable d’un service public peut disposer de deux voitures de fonction, une berline et un 4X4 V8 alors même qu’il n’est pas amené de par ses fonctions à effectuer des missions de terrain. Au Rwanda, où l’orthodoxie financière est un souci constant, le gouvernement avait procédé à un redimensionnement du parc automobile de l’Etat, celui-ci passant de 4 000 à seulement 1 000 véhicules. Pendant ce temps, au Niger, on dénombre près de 6.000 véhicules administratifs, sans compter ceux des établissements publics à caractère industriel et commercial, sociétés d’Etat, sociétés d’économie mixte, des établissements publics à caractère social, ainsi que ceux des programmes et projets relevant de l’Etat.Sur les 300 véhicules susdits, une commande de 120 véhicules, en six lots, vient d’être lancée. Cette commande sera payée sur les Charges communes, une section (99) du budget général de l’Etat 2023 dotée de 1.142.519.961.335 francs CFA. Autrefois une simple ligne budgétaire qui servait à prendre en charge les recrutements d’agents publics faits en cours d’année ou des agents de l’Etat revenus dans leurs ministères d’origine après un détachement ou une disponibilité le temps que leurs salaires soient budgétisés, les Charges communes sont devenues aujourd’hui un véritable fourre-tout géré par le seul Ministre des Finances alors même que le budget programme voudrait que le responsable d’un programme (Ministre sectoriel) en soit l’acteur majeur. Le Ministre des Finances étant l’ordonnateur de ces Charges communes, lui seul pouvait donc faire des engagements sur ces fonds. Sa responsabilité est donc engagée dans le cadre de cette commande de 120 véhicules, le Directeur général des moyens généraux (DGMG) étant un simple exécutant de la volonté ministérielle. La transparence s’impose à tous les acteurs et à toutes les étapes de la commande publique. Elle est un impératif fondateur du droit des marchés publics. C’est au travers de la mise en œuvre d’une transparence sincère et véritable que l’image des marchés publics peut et pourra être redorée et que le lien de confiance entre gouvernants et gouvernés se trouvera renforcé. Nous osons espérer que ce marché de 120 véhicules ne donnerait pas lieu à des pistons, des surfacturations et des commissions, que rien ne saurait justifier, que l’intégrité de la procédure d’attribution ne sera point compromise à chaque étape. Le détournement de deniers publics constitue un obstacle majeur au développement.