Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a lancé, vendredi 22 septembre, des avis de recherche contre une vingtaine de responsables du régime déchu du président Mohamed Bazoum, dont Ouhoumoudou Mahamadou, Hassoumi Massoudou et Alkache Alhada. Par leur activisme sur la scène internationale, ils mettaient à mal le nouveau pouvoir à Niamey. En fuite, ils sont recherchés pour leur présumée « implication dans une affaire de trahison et complot ayant pour but de porter atteinte à la sûreté et à l’autorité de l’État » à la suite des évènements du 26 juillet dernier, selon un message de la Direction du fichier central et recherches de la Gendarmerie nationale du Niger. Des faits prévus et punis par le code pénal et le code de justice militaire.
En vertu des articles 186, 187 et suivants du code de justice militaire, les accusés en fuite, et qui seraient reconnus comme tels à l’issue d’un procès, encourent une peine d’emprisonnement à vie. Par ailleurs, d’autres dignitaires du régime déchu, civils et militaires, ont été incarcérés, mercredi 20 septembre, dans différentes prisons du pays. Elles sont aussi poursuivies pour les mêmes infractions. D’après le code de justice militaire, en son article 43, « les co-auteurs ou complices des militaires poursuivis pour des infractions de la compétence du tribunal sont traduits devant le tribunal militaire. » Parmi les militaires arrêtés, qui seraient favorables à un contre-putsch, on peut citer le colonel-major Midou Guirey, ex – haut commandant de la Garde nationale (déposé à Ouallam) et le colonel Alio Matani, ex – coordonnateur des opérations de la Garde nationale (déposé à la prison de haute sécurité de Koutoukalé). Il y a également le directeur régional Niamey de la DGDSE (Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure) et plusieurs éléments de la Sécurité Rapprochée (SR) du président Mohamed Bazoum qui sont déposés à Kollo et à Koutoukalé. Le 26 juillet 2023, ces éléments de la SR ont tenté de s’opposer à l’arrestation du président Mohamed Bazoum, en vain. Mis hors d’état de nuire, ils sont arrêtés et détenus dans une villa à quelques encablures du palais présidentiel pendant plusieurs jours avant d’être entendus à la gendarmerie.
Les poursuites ayant été engagées par le parquet près le tribunal militaire de Niamey, il appartient désormais au juge d’instruction dudit tribunal de prendre le dossier en charge. Celui-ci étant en congé, il a d’ailleurs été rappelé dare-dare pour l’instruction du dossier, le pouvoir militaire voulant aller très vite. Mais ces infractions de trahison et de complot sont-elles fondées à l’égard de tous les accusés ? Pouvaient-elles être opposées à l’ancien Ministre de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, lui qui a été arrêté à son domicile presque au même moment que le président Mohamed Bazoum et qui a été privé de tout contact extérieur, ses téléphones portables ayant été immédiatement confisqué ? D’après le code pénal, en son article 79, alinéa 3, « il y a complot dès que la résolution d’agir est concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs personnes. » Nous osons espérer que l’instruction de ce dossier sera faite à charge et à décharge et que tous les efforts seront déployés pour la manifestation de la vérité. L’on se rappelle que lors du procès des événements du 31 mars 2021, les avocats avaient dénoncé à la barre une instruction du dossier « volontairement bâclée » et « exclusivement à charge ». Affaire à suivre…’’