Disons-le, tout de go, cette formation politique dirigée par l’énigmatique Seyni Oumarou irradie, sans conteste, une impression rassurante de force tranquille, de maturité achevée acquise au fil des années de lutte loyale à travers d’innombrables vicissitudes qui ont failli, en maintes occasions signer son acte de décès. Mais le Baobab a tenu bon et reste debout face à la bourrasque, faisant montre d’un stoïcisme à toute épreuve. Peut-être à cause de ses valeurs intrinsèques ? Peut-être à cause de ses implantations sur tout le territoire national ? Peut-être à cause des notables qui abondent et renforcent ses rangs ? Quoi qu’il en soit, c’est aussi peut-être grâce à l’intelligence, à l’entregent et à la forte personnalité de ses différents dirigeants. Tant il est vrai qu’une parfaite symbiose ne peut s’opérer entre les têtes pensantes et les militants de base que lorsqu’un noyau dur permet de conjuguer, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’âpreté des combats politiques et la sérénité qui accompagne l’élévation des débats. Pour autant, nous devons objectivement noter des points d’achoppement entre les militants et les leaders, divergences pouvant quelque fois déboucher sur une rupture, une séparation plus ou moins temporaire, comme dans n’importe quel autre parti politique.
L’équation MNSD-Nassara
Créé en 1989 par feu général Ali Chaibou, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara) passe ainsi du statut initial de mouvement aux prérogatives d’un parti politique dans un contexte pluraliste, en sauvegardant cependant sa ligne principale qui donne la possibilité de s’exprimer à toutes les sensibilités, ethniques, régionalistes, religieuses et idéologiques. Somme toute, un parti multidimensionnel. Le vent de la démocratie multipartisane est venu ébranler l’édifice dont avait rêvé le père fondateur. Pire encore, un électro-choc né de sa défaite aux présidentielles post Conférence Nationale face à l’Alliance des Forces du Changement (AFC) sonne le glas de son effacement progressif. C’est ainsi, qu’il chute du rang de premier parti politique du Niger au rang de quatrième parti, du moins si l’on se fie à la dernière élection législative qui lui a donné 13 députés tandis que le PNDS-Tarraya glanait 79 représentants à l’Assemblée Nationale, suivi du Moden FA Loumana qui s’ en octoyait 19 et ( d’une courte tête) par le MPR-Jamhuriya qui ne le devance que d’un seul député. Malgré tout, la machine électorale reste en bon état. Au contraire, l’on pressant qu’elle peut à tout moment, à l’improviste, surprendre tout le monde et retrouver son lustre d’antan.
L’énigme Seyni Oumarou
Le président du MNSD-Nassara n’est pas très volubile. C’est un homme qui mâche ses mots avant de les prononcer. Il ne se laisse jamais emporter par une impulsivité de mauvais aloi. Ce qui lui confère un petit air de sphinx. Reconnaissons-le, sans élan laudateur, que cet homme est très circonspect dans toutes ses démarches. Il jouit peut-être d’un sixième sens qui le pousse à prendre des décisions pragmatiques qui se révèlent judicieuses par la suite. Il en est ainsi de son déplacement pour aller féliciter Issoufou Mahamadou vainqueur des présidentielles de 2011 alors que lui-même était partie prenante dans la course. Un geste inédit au Niger, très rare en Afrique et qui ne manque pas de panache. Le 03 février 2021, il a soutenu Mohamed Bazoum au deuxième tour des présidentielles, comme il l’avait fait auparavant avec Issoufou Mahamadou en 2011 et en 2016. Son flair qui semble infaillible l’éloigne de tout esprit aventureux. A chaque fois les faits finissent par lui donner raison. Par induction, il apparait comme un leader hors normes. Du reste, sa physiognomonie (mot savant pour dire morpho-psychologie) indique l’importance de l’étage instinctif et celui affectif par rapport à l’étage intellect. Pour pasticher le général de Gaulle qui disait : « tout le monde a été, est, ou sera gaulliste » nous pouvons, quant à nous, sans risque de nous tromper, affirmer que : tout le monde a été (par la force des choses) MNSD, tout le monde est MNSD-Nassara (au plan patriotique) et que tout le monde sera d’une certaine façon, même de manière oblique, MNSD-Nassara. Candidat unique à sa propre succession au poste de président du MNSD-Nassara au congrès du parti Ce 18 mars à Dosso, Seyni Omar se dirige inéluctablement vers un nouveau sacre. Affaire à suivre…