A l’image des autres organisations africaines, le Conseil de l’Entente est caractérisé par une mauvaise gouvernance qui impacte l’efficacité de l’institution. Son Secrétariat exécutif est aujourd’hui dans une zone de turbulences. Ce 08 juin 2023, le personnel statutaire et fonctionnaires du Secrétariat exécutif du Conseil de l’Entente ont adressé, via le Ministère des Affaires étrangères ivoirien, un courrier relatif à la gouvernance de ce Secrétariat exécutif au président togolais, président de la conférence des chefs d’Etat du Conseil de l’Entente, avec ampliation aux autres chefs d’Etats membres de l’organisation.
« Dès sa prise de fonction, en janvier 2022, le Secrétaire exécutif, Monsieur Marcel Amon-Tanoh, a rencontré le personnel du Conseil de l’Entente le 11 février 2022. Au cours des échanges, il a fait part de ses ambitions pour le Conseil de l’Entente et a tenu des propos rassurants… Cependant, après dix-huit (18) mois de gestion, nous constatons d’importantes dérives dans la gouvernance de l’organisation », pouvait-on lire dans ce courrier. D’après les plaignants, ces dérives concernent la gouvernance administrative et sociale, la gouvernance financière, la gestion du projet de construction de la Tour de l’Entente, et les rapports avec les autres organisations sous-régionales.
De la gouvernance administrative et sociale
A ce niveau, les dérives ont pour noms le népotisme et le non-respect des textes en matière de recrutement et de gestion des ressources humaines (augmentation des effectifs sans tenir compte des capacités financières et de l’organigramme de l’institution, recrutements sans appels à candidatures et sans respect du principe de la répartition équitable des postes entre Etats membres, des rémunérations au mépris du barème des salaires, etc.) ; la mise en place d’un cabinet pléthorique qui s’est accaparé des attributions des départements du Secrétariat exécutif et subséquemment la relégation des représentants statutaires des Etats membres au rang de figurants ; de très nombreuses missions du Secrétaire exécutif dont le montant total se chiffre à plus de 300 millions F CFA depuis son arrivée, etc.
De la gouvernance financière
Il est dénoncé ici la révision à la hausse du barème des frais de mission du secrétaire exécutif dans un contexte de rareté des ressources financières ; l’instauration à l’avantage du secrétaire exécutif de frais journaliers de représentation de 400.000 F CFA en plus des frais journaliers de mission sans justification ; le non-respect des procédures de dépenses et de passation des marchés, etc.
De la gestion du projet de construction de la Tour de l’Entente
Le personnel statutaire et fonctionnaires du Secrétariat exécutif du Conseil de l’Entente pointent du doigt la nomination d’un Directeur général de la Société de gestion de la Tour de l’Entente (SGTE) sans appel à candidatures ; le recrutement gré à gré d’un nouveau prestataire pour une enveloppe de plus d’un (1) milliard F CFA pour assurer des missions de maîtrise d’ouvrage déléguée alors que le projet dispose déjà d’une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage, etc.
Des rapports avec les autres organisations sous-régionales
A l’initiative du Secrétaire exécutif, une mission expresse s’est rendue en Chine pour signer un mémorandum d’entente avec une entreprise chinoise pour l’étude de faisabilité du projet « Boucle ferroviaire de l’Entente » sans aucun mandat des chefs d’Etats des pays membres du Conseil de l’Entente, créant ainsi une mésentente avec l’UEMOA sur la réalisation dudit projet.
« Excellence Monsieur le Président en exercice, cette gouvernance de Monsieur Marcel Amon-Tanoh a occasionné un amenuisement accéléré des ressources financières, un climat social délétère, un personnel démotivé et une situation d’insécurité des emplois. Eu égard à ce qui précède, le personnel du Secrétariat exécutif envisage une suspension des activités pour compter du 15 juin 2023 et demande le départ du Secrétaire exécutif », pouvait-on lire en conclusion du courrier adressé au président de la Conférence des Chefs d’Etats du Conseil de l’Entente, le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé. Ce dernier saura-t-il apaiser la colère des plaignants et éviter la grève envisagée qui risquerait de ternir davantage l’image du Conseil de l’Entente ?