Le Conseil économique et social a été mis en place dès 1959. Après plusieurs mutations, il a pris la dénomination de Conseil économique, social et culturel (CESOC) à partir de la 3ème République. Il a pour mission fondamentale d’assister le Président de la République et l’Assemblée Nationale dans les domaines économique, social et culturel, à l’exception des lois des finances. Il peut aussi initier et proposer à l’Exécutif ou au Parlement des réformes dans lesdits domaines. Le CESOC est composé de 99 membres désignés par les organisations socioprofessionnelles pour un mandat de 5 ans. L’instance de délibération du CESOC est l’assemblée plénière. Le CESOC est dirigé par un bureau composé de huit (8) membres dont : un Président, quatre Vice-Présidents et trois Rapporteurs. Ce bureau est assisté d’un Secrétariat Général. Le CESOC dispose de 4 commissions permanentes qui sont : la Commission des Affaires Économiques et Financières ; la Commission des Affaires Sociales ; la Commission du Développement Rural et Environnement ; la Commission des Affaires Culturelles et Sportives.
« Nous sommes en état de paix politique et je m’en réjouis », a déclaré le Président Mohamed Bazoum dans les colonnes de Jeune Afrique en octobre 2021. Malgré cette accalmie retrouvée sur le front politique, la mandature 2022-2027 du CESOC a été officiellement installée le 24 février 2023 par le Président de la République sans un représentant de l’Opposition politique. Le Chef de file de cette Opposition avait pourtant écrit au Ministre chargé des relations avec les Institutions, le 15 septembre 2022, pour lui communiquer les noms des personnalités ci-après devant faire partie du Bureau du CESOC : Kané Kadaouré Habibou, architecte de formation, président du parti Synergie des Démocrates pour la République – SDR-Sabuwa, pour un poste de vice-président, et Boukar Laoual, un militant du PJP – Dubara, pour un poste de rapporteur. Ces deux personnalités ne sont toujours pas nommées par le Chef de l’Etat qui dispose du pouvoir discrétionnaire pour ce faire. Sont-elles victimes d’une discrimination, d’une exclusion ? Le président Bazoum n’a-t-il pas été saisi par rapport à cette réclamation ? Ce qui est sûr, cette absence de l’Opposition au sein du bureau du CESOC s’apparente à une rupture des bonnes pratiques républicaines.
En effet, depuis plusieurs décennies, l’Opposition politique avait toujours été présente au sein du directoire du CESOC. Sous le régime du MNSD – Nassara du président Tandja Mamadou, l’opposant Hassoumi Massoudou avait été nommé 2e vice-président de l’institution. Par ailleurs, Akoli Daouel, un opposant, avait été nommé 1er vice-président du CESOC. Il avait même assuré l’intérim de feu Moussa Moumouni Djermakoye à la tête de l’institution. Jusqu’à l’installation de la mandature 2022 – 2027 du CESOC, la 4e vice-présidence était occupée par Soumaila Tchiwaké du MPN – Kiishin Kassa dont le nom avait été proposé par l’Opposition de l’époque. Quant à la 3e vice-présidence, elle était occupée par la société civile pro-pouvoir. Cette situation ubuesque avait-elle échappé au président Mohamed Bazoum qui se disait attaché aux bonnes pratiques républicaines et démocratiques ? Ou bien le pouvoir ne voulait-il pas ‘’offrir’’ un strapontin à un opposant insoumis et critique tel que Kadaouré ?