Depuis la décision de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de fermer les frontières de ses membres, notamment celles du Bénin et du Nigeria, l’aide humanitaire ne parvient plus au Niger. La suspension du trafic aérien à Niamey, à l’exception de quelques vols autorisés par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a ajouté au blocage de la situation. Conséquence : la situation humanitaire déjà désastreuse s’est aggravée.
On estimait en août dernier à plus de deux (2) millions le nombre d’enfants touchés par la crise et ayant désespérément besoin d’une aide humanitaire. Les grandes ONG humanitaires engagées auprès des populations nigériennes les plus vulnérables ayant du mal à acheminer dans le pays les conteneurs de denrées alimentaires et de matériel médical, ainsi que des agences onusiennes, ont alors lancé un appel urgent à tous les acteurs clés concernés par cette crise pour s’assurer que les travailleurs humanitaires et les fournitures parviennent en toute sécurité aux enfants les plus vulnérables et à leurs familles. Un appel auquel la CEDEAO a été sensible.
Dans une correspondance adressée ce lundi 18 septembre 2023 au président de la Commission de l’organisation régionale par le ministre des Affaires étrangères béninois, Olushegun Adjadi Bakari, le Bénin dit prendre des mesures pour l’ouverture d’un couloir humanitaire. Ceci afin de rendre possible l’acheminement de l’aide destinée au Niger. « Monsieur le Président, je voudrais porter à votre connaissance qu’à la suite de la réception de votre correspondance ECW/PC/DC/2023-046/vam du 25 août 2023 et des échanges que nous avons eus à ce sujet, le Bénin a pris les dispositions nécessaires pour ouvrir depuis le 05 septembre 2023 un couloir humanitaire afin de faciliter, sur son territoire, l’acheminement de l’aide destinée au Peuple frère et ami du Niger ». Mais les militaires au pouvoir au Niger, entravent l’acheminement de l’aide humanitaire depuis le Bénin, accuse le ministre béninois dans le même courrier adressé au président de la Commission de la CEDEAO. « Des barrages érigés à l’entrée du Niger, par les éléments des forces de défense et de sécurité de ce pays, continuent d’entraver l’acheminement de cette aide ». Le chef de la diplomatie béninoise demande la levée de ces barrages « afin d’assurer la réussite de cette opération humanitaire, qui vise à améliorer les conditions de vie de la population nigérienne ». Il précise que la « levée de tous les blocages s’avère indispensable ».
Contacté par nos soins, le service de communication du CNSP n’a ni confirmé, ni démenti ces informations. Il faut noter que la relation diplomatique entre Niamey et Cotonou s’est dégradée depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, l’Etat béninois soutenant fermement la position de la CEDEAO qui a mis le Niger sous embargo et exigé la réinstallation du président déchu Mohamed Bazoum dans ses fonctions au risque d’une intervention militaire pour déloger les putschistes. Accusant le gouvernement béninois d’être de connivence avec la France et la CEDEAO pour l’invasion du Niger, le pouvoir nigérien a dénoncé, le 12 septembre 2023, l’accord de coopération militaire entre le Niger et le Bénin. Affaire à suivre.