Le coup d’État survenu au Niger a une fois de plus révélé les limites de l’interventionnisme africain dans la gestion des crises. La récente décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) sur la situation au Niger est symptomatique d’un manque de résolution, allant jusqu’à questionner le rôle et la pertinence même de cette institution panafricaine.
L’UA, après huit jours de délibération silencieuse, a finalement choisi de suspendre le Niger de toutes ses activités, évoquant une “condamnation sans équivoque” du coup d’État. Pourtant, en analysant de près ses décisions, on y discerne une certaine contradiction dans l’approche.
Alors que des voix au sein du CPS reconnaissent que les sanctions imposées par la CEDEAO au Niger pourraient s’avérer disproportionnées, l’UA, dans une sorte d’ironie bureaucratique, a décidé de les maintenir. Si l’UA elle-même reconnaît que ces sanctions pourraient nuire davantage à la population qu’aux putschistes, pourquoi diable les maintenir ?
Le maintien de ces sanctions, pose la question de l’efficacité des mesures punitives prises à la hâte.
Plus troublant encore est le flou artistique entourant la question d’une possible intervention militaire de la CEDEAO dans notre pays. Plutôt que de prendre une position ferme, l’UA semble avoir opté pour une stratégie d’indécision. D’un côté, elle valorise les efforts de médiation, et de l’autre, elle laisse planer l’ombre d’une intervention armée sans pour autant l’écarter définitivement. Un tel double discours hypocrite, ce genre de tergiversations envoie des signaux contradictoires non seulement aux acteurs sur le terrain, mais aussi aux citoyens africains, qui attendent des instances continentales clarté et détermination.
L’UA, au lieu de jouer son rôle pivot en tant que balise morale et politique sur le continent, semble s’être retranchée derrière une diplomatie d’hésitation. Elle demande des évaluations, nomme des représentants pour encourager la médiation, mais tout cela sonne comme des mesures dilatoires face à l’urgence de la situation au Niger.
L’Afrique mérite mieux. L’UA se doit d’être proactive, visionnaire et résolue, et privilégier toujours les intérêts des peuples. Dans le cas nigérien, l’Union Africaine aurait dû affirmer une position claire et cohérente contre les sanctions et une intervention armée au Niger, au lieu de se perdre dans un labyrinthe de demi-mesures.