Le mercredi 26 juillet, la ville de Niamey, le calme règne, aucun déploiement militaire particulier n’est visible dans la capitale. Aux abords du palais ou de la résidence présidentielle, tout est calme, presque trop. Pourtant, dans l’enceinte du complexe présidentiel, des signes annoncent une situation anormale. Le président de la République, Mohamed Bazoum, est retenu par des éléments de sa propre garde présidentielle, retournés contre lui. En renfort, plusieurs unités d’élite des Forces Armées Nigériennes (FAN) sont arrivées depuis Ouallam et Dosso, avivant les craintes d’un possible affrontement. Une situation très dangereuse, car il peut y avoir beaucoup de dégâts en cas d’affrontements. Et dans ces conditions, la sécurité du président Bazoum n’est pas assurée. Pour rappel, la garde présidentielle, est une armée dans l’armée au Niger. Elle compte plusieurs centaines hommes et dispose d’armements très sophistiqués. Pour l’heure, la tension monte, sans qu’aucune confrontation n’éclate.
Échecs des négociations
En fin d’après-midi, des membres de la garde présidentielle retranchés au palais ont tiré des coups de sommation en direction de manifestants venus témoigner leur soutien à Mohamed Bazoum. Plusieurs civils auraient été blessés. Tous les pourparlers et tentatives de médiation, locaux et internationaux, auraient échoué. Pourtant, le président Bazoum Mohamed, qui a conservé son téléphone, a communiqué tout au long de la journée avec d’autres dirigeants africains – Alassane Ouattara, Umaro Sissoco Embaló, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Bola Tinubu affirmant : « On va tenir. » a indiqué Jeune Afrique (J.A.)
Bola Tinubu, récemment élu à la tête de la CEDEAO, s’efforce de résoudre la crise. En milieu d’après-midi, un avion transportant plusieurs de ses émissaires a atterri à Niamey. Cependant, faute d’un interlocuteur crédible parmi les mutins, Patrice Talon, président du Bénin et mandaté par Bola Tinubu, a changé de cap en plein vol et a mis le cap sur Cotonou.
Racines du conflit
Selon des sources concordantes, la mutinerie serait due à la volonté de Bazoum Mohamed de limoger le général Abdourahamane Tchiani, chef de corps de la Garde présidentielle depuis 2011 et proche de l’ancien président Mahamadou Issoufou. Suite à un appel du président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, le numéro deux de la garde présidentielle aurait affirmé que “le coup d’État était consommé” selon J.A.
La mutinerie évolue en coup d’Etat Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dans une série de communiqués annonce finalement la fin du régime de la Renaissance, dépeignant ce coup de force comme une réaction nécessaire face à l’insécurité grandissante et la malgouvernance socio-économique. Les institutions démocratiques sont suspendues, les frontières aériennes et terrestres sont fermées et un couvre-feu est instauré jusqu’à nouvel ordre a indiqué le CNSP. Ce n’est pas la première fois que le pays, ni même Mohamed Bazoum, fait face à une tentative de coup d’État. Mais cette fois-ci, le pouvoir n’a pas résisté, ouvrant une ère d’incertitudes pour le pays. L’optimisme du président Bazoum, qui assurait dans un SMS à Jeune Afrique : “On va tenir”, a été mis à rude épreuve.