Cette mise en garde du ministre de l’Intérieur et son homologue de la Justice à l’encontre des dignitaires du régime déchu de la Renaissance qui cherchent vaille que vaille à dissiper leurs biens mal acquis est accueillie au sein de l’opinion nationale comme un simple coup d’épée dans l’eau. Espérer qu’elle produise un effet quelconque, c’est attendre inlassablement ‘’Godot’’’.
Dans un communiqué conjoint, le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur et de la sécurité publique et son homologue de la Justice et des droits de l’Homme ont enfin décidé de rompre le silence sur des pratiques fortement rédhibitoires qui ont cours dans notre pays depuis le coup d’Etat militaire, qui a évincé le président Bazoum Mohamed du pouvoir le 26 juillet 2023. Lesquelles pratiques sont l’œuvre d’anciens dignitaires et proches collaborateurs du régime déchu de la Renaissance, qui cherchent à dissimuler ‘’leurs biens mal acquis’’ à travers des manœuvres frauduleuses afin de justifier leur ‘’insolvabilité’’.
Devenus riches illicitement à travers des actes ‘’de corruption, de gabegie, de passe-droits, etc.’’, ‘’depuis les événements du 26 juillet 2023, ils s’activent à organiser leur insolvabilité par des manœuvres dolosives et de dissimulation de leurs biens, le plus souvent mal acquis, et cela au détriment des intérêts sacrés du peuple nigérien’’, indique le communiqué conjoint du ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba et son homologue de la Justice, Alio Daouda. Selon le communiqué, ces manœuvres se font par le truchement de la vente, de la simulation de vente, de prêtes noms et autres actes similaires.
Ces pratiques constituent des infractions à la loi pénale que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le gouvernement de transition ‘’restent déterminés à combattre (…) pour faire rentrer l’Etat du Niger dans ses droits’’.
Ceux qui s’y adonnent perdent leur temps. ‘’Ces pratiques ne leur seront d’aucune utilité face à la justice nigérienne déterminée et debout pour faire du respect de la loi sa boussole en tout lieu et à tout moment. C’est la raison pour laquelle aucune discrimination à l’égard des contrevenants ne sera tolérée dans la protection et la défense des intérêts du peuple nigérien, longtemps spolié’’, avertit le communiqué conjoint.
Les coauteurs et complices de ces pratiques répréhensibles, à savoir les opérateurs libéraux intervenant dans le domaine des transactions immobilières, ne seront pas non plus épargnés par le rouleau compresseur de la justice.
Cette mise en garde est évidemment formulée à l’encontre des intermédiaires, des agents d’affaires et des notaires assermentés qui ont une ‘’responsabilité professionnelle, personnelle et pénale dans de telles affaires qui jurent d’avec le bon sens, la sacralité du bien public, la justice sociale et le droit’’.
Menaces tardives ?
Ce communiqué conjoint des ministres de l’Intérieur et de la Justice intervient plus de cinq (5) mois après le renversement du régime de Bazoum Mohamed par l’armée. Longtemps après le putsch militaire, à l’origine des sanctions illégales, criminelles de la CEDEAO et de la communauté internationale, dont souffrent actuellement encore les populations nigériennes. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont, entre temps.
De nombreux dignitaires du régime déchu ont eu certainement le temps de dissimuler ‘’leurs biens mal acquis’’, par le biais des stratagèmes soulignés dans les deux ministres dans leur communiqué.
Ils ont eu le temps de transférer des biens patrimoniaux (bâtiments, voitures, fermes agricoles, sociétés, etc.) au nom de personnes de ‘’confiance’’ ; ils ont eu le temps de procéder à de transferts de grosses sommes d’argent à l’étranger par des mécanismes frauduleux parce que le CNSP et le gouvernement n’ont pas pris à temps de mesures conservatoires pour empêcher cela.
Dès la proclamation officielle du renversement du régime Bazoum, il aurait fallu prendre des mesures d’interdiction de sortie du territoire de tous les dignitaires et proches collaborateurs du système et prononcer, à titre conservatoire, la saisie de leurs biens d’origine douteuse. Quitte à ce que lesdits biens leur soient restitués après une décision de justice.
Cela n’a pas été le cas. Le CNSP a joué au laisse-guidon et c’est plus de 5 mois après le coup d’Etat qu’il tente de corriger son inconséquence. En matière de respect de la loi et de justice, c’est la preuve matérielle qui prime.
Les sources d’information dont parle le communiqué ne valent rien tant qu’il n’y a pas la preuve matérielle devant un tribunal.