Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Vendredi 24 mars 2023, 5e jour de la 3e session de la Chambre criminelle du tribunal susdit. Au nombre des dossiers inscrits au rôle, celui de la crise postélectorale de 2021. Lorsque ce dossier est appelé par le président de la Chambre criminelle, à 9 h 46 mn, les prévenus Moumouni Boureima, dit Tchanga, (général des FAN en retraite), Tahirou Seydou Mayaki (colonel des douanes en retraite, président de la Coordination régionale Lumana de Tillabéri) et Djibril Baré Mainassara (cadre de la BCEAO en retraite, ancien candidat à la présidentielle de décembre 2020) se présentent à la barre.
Ils sont tous les trois sans antécédent judiciaire. Au vu de leur âge avancé (respectivement 71 ans, 78 ans et 66 ans) et de leur état de santé faible et incertain (Tchanga et Mayaki), ils sont invités à s’asseoir sur des fauteuils. Mais, très rapidement, il s’est posée la question de l’absence à la barre du conseil du prévenu Tahirou Seydou Mayaki. Maître Niandou Karimoun est en effet absent du territoire national pour des raisons personnelles. D’où sa demande écrite, adressée au président de la Chambre criminelle et au Parquet, pour un renvoi du procès. C’est alors que le représentant du ministère public va demander la désignation d’un avocat commis d’office pour assister l’accusé Mayaki. Mais, la loi, c’est la loi, en matière criminelle, on ne peut pas juger un accusé en l’absence de son avocat. C’est ainsi qu’après quelques échanges avec toutes les parties au procès, le président de la Chambre criminelle a décidé d’un renvoi à une prochaine session. Mais aucune date n’a été avancée.
Pour rappel, Djibril Baré Mainassara est poursuivi pour une seule infraction : production de données de nature à troubler l’ordre public. En ce qui concerne Moumouni Boureima et Seydou Tahirou Mayaki, ils sont accusés, pêle-mêle, de meurtre contre X, de complot contre l’autorité de l’Etat, de propagande à caractère régionaliste ou religieux, de complicité d’incendie volontaire d’habitation, de complicité de meurtre, de complicité d’attroupement armé, de complicité de dégradation de bien publics et privés, de complicité de coups et blessures volontaires, de rébellion et violences envers des agents publics dans l’exercice de leur fonction, de complicité de vol en réunion avec port d’arme par effraction. Toutes ces accusations auraient un lien, selon le ministère public, avec les troubles qui avaient suivi la proclamation par la CENI des résultats globaux provisoires de la présidentielle de février 2021 qui donnaient le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, vainqueur avec 55,75% des voix, contre 44,25% à son adversaire et opposant Mahamane Ousmane. Mais il ne se trouverait personne de bonne foi pour dire que cette élection a été un modèle du genre.