Contrairement au discours officiel tendant à faire croire à l’opinion nationale et internationale que l’insécurité liée au terrorisme est sous-contrôle dans la région de Tillabéri, rien ne va. Surtout dans les localités de la rive droite du fleuve, frontalières avec le Burkina Faso. Voilà la situation qui y prévaut !
Mardi 13 juin 2023, les militaires nigériens auraient procédé à l’arrestation d’un chef Djihadiste qui s’apprêtait à être intronisé émir pressenti d’un canton du département de Torodi dans les jours à venir, notamment celui d’Ouro-Gueladio. Le monsieur en question est natif d’un village distant d’environ 3 km du chef-lieu du canton dénommé Ouroboyambo.
Revendeur, apprend-on, de petits ruminants sur les marchés hebdomadaires de la région, l’émir Djihadiste pressenti qui attendait son intronisation officielle vivait en parfaite symbiose avec la population civile et aurait même une fada dans le marché de la commune rurale de Gueladio.
Le commando militaire a procédé à son interpellation sur des motos, pour ne pas éveiller des soupçons, alors qu’il se pavanait dans les rues de la commune rurale.
A la vue des motos qui l’ont encerclé, les militaires n’étant pas en tenue, il a pensé que ce sont des combattants qui sont venus lui prêter allégeance, selon notre source.
C’est suite à la maltraitance physique qu’il a subie lors de son interpellation qu’il s’est finalement rendu compte, sur le tard, que les carottes sont cuites. Qu’il n’avait pas affaire à des combattants djihadistes, mais plutôt à des éléments de nos forces de défense et de sécurité.
Un canton sous siège
Depuis l’arrestation de sieur A. Oumarou dit M. Bakka, -c’est son surnom- ‘’les djihadistes en nombre important sont venus à la rescousse à leur émir désormais entre les mains de l’armée. Ils se sont regroupés de l’autre côté de la rive droite de la rivière du Goroubi qui les sépare de l’armée qui est à la rive droite’’, nous a confié la source.
Le rassemblement s’est poursuivi jusqu’à ce mercredi 14 juin autour du village d’origine de l’émir pressenti. ‘’Est-ce pour sécuriser les villageois, parents de leur émir qu’ils imagineraient en insécurité ou bien pour descendre à Gueladio pour des représailles contre les villageois ? Est pour attendre le départ de l’armée et redescendre dans le village pour prendre à partie les villageois ?’’, a interrogé la source.
Pression soutenue sur les populations
L’insécurité terroriste qui prévaut dans le canton actuellement empêche même la désignation d’un nouveau chef de village dans les délais requis à la suite du décès de celui qui était en poste, selon l’usage traditionnel. ‘’Personne n’ose être candidat sous peine de subir la rigueur des djihadistes. Exemple : les chefs des villages de Barkewa, de Sagati décédés depuis fort longtemps ne sont pas à ce jour remplacés. Le contexte ne permet pas de candidature, à forte plus raison la convocation du collège électoral’’, a-t-elle déploré. Où est alors le contrôle de l’intégrité du territoire dont parle Niamey ? Rackets, prises d’otages, extorsions d’argent et de bétail, etc., sont le lot quotidien des populations locales. ‘’Les prétendus djihadistes issus des communautés locales font la loi sur l’ensemble du canton’’, dit notre source.
En août 2022, ils ont enlevé trois (3) agents de la mairie de la commune dont le secrétaire municipal, l’agent d’état civil et secrétaire du chef de canton ainsi que le manœuvre. Le secrétaire municipal sera libéré quelques jours plus tard, tandis que l’agent d’état civil et le manœuvre sont sans nouvelle depuis 10 mois aujourd’hui. Le gardien de la mairie, lui, a pu s’échapper de leurs mains et vit actuellement à Niamey.
Nécessité d’un dispositif militaire permanent
Quand les militaires sont sur place, les djihadistes n’osent pas descendre dans les villages du canton pour s’en prendre aux populations civiles. ‘’Ils ont détruit à la dynamite l’ensemble du bâtiment de la mairie et la radio communautaire, il y a deux semaines de cela’’, déclare notre source. ‘’Auparavant, d’autres actes de vandalisme avaient été posés sur ces infrastructures. Toutes les écoles de la commune ont été brûlées. Depuis 3 ans la commune est sans écoles. Ces enfants abandonnés ne pourraient-ils pas rejoindre les djihadistes s’ils leur faisaient des propositions concrètes ?’’, craint-elle.
Devant ce constat, il est estime que le chef-lieu de canton doit être sécurisé au même titre que les autres chefs-lieux de canton frères notamment Tamou, Say, Torodi. ‘’En sécurisant le chef-lieu du canton qui est plus visé que les autres villages, cela permettra d’accueillir les éventuelles populations sous la foudre des voyous, sécuriser et faire fonctionner les infrastructures de première nécessité notamment les services de la mairie et l’école, l’approvisionnement en vivres’’, suggère notre source. La situation est d’autant inquiétante, selon elle, que ‘’la population de Ouro-Gueladio est en train de s’apprêter à quitter’’.