Le 26 juillet 2023, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a orchestré un coup d’Etat militaire qui a chassé du pouvoir le président Mohamed Bazoum. Dès lors, le CNSP a opéré des changements majeurs dans l’architecture institutionnelle du pays.
Afin de marquer son empreinte et d’assoir son pouvoir, le CNSP a suspendu la Constitution et par là même, a dissous tous les organes découlant de celle-ci tels que l’Assemblée nationale et le CESOC. Ces mesures drastiques symbolisent la volonté de la junte de repartir sur de nouvelles bases, en écartant les symboles de l’ancien régime.
Maintien des maires : une décision controversée
Alors que l’on aurait pu s’attendre à une mise à l’écart totale des acteurs de l’ancien régime, une décision du CNSP a suscité étonnement et interrogations. En effet, dans une démarche qui frôle le paradoxe, les maires ont été conservés dans leurs fonctions, en violation de la Charte de transition militaire établie par le CNSP lui-même. Cette décision, considérée par nombre d’observateurs comme incompréhensible, génère des frictions notables, d’autant plus que la plupart des maires en question ont été impliqués dans des scandales financiers et fonciers, révélés par des rapports accablants de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT).
Assises nationales, un réseau de maires aux intentions douteuses
Il est à noter que ces maires, dont la grande majorité provient du PNDS-Tarayya et de ses alliés politiques, semblent perpétuer des tactiques insidieuses afin d’influencer les participants aux diverses assises nationales. Ce jeu politique sournois, qui semble s’installer, menace également le bon déroulement du Dialogue National Inclusif, d’une importance capitale, dont l’objet principal est de définir les priorités de la transition et les fondations d’une nouvelle ère pour le Niger.
À cet égard, le CNSP se trouve dans une situation précaire, tiraillé entre la nécessité de préserver l’intérêt général et les risques d’être manipulé par ces figures municipales corrompues. La vigilance est donc de mise pour éviter de tomber dans le piège tendu par des maires au service non pas du peuple mais des desseins de leurs affiliations politiques.
Appel à la vigilance du CNSP
Dans ce climat d’incertitude et de défiance, le CNSP doit impérativement repenser sa stratégie actuelle. Une partie significative de la population appelle d’ailleurs à la destitution de tous les maires, considérés comme des vestiges du régime déchu, propageant la corruption et la malveillance.
Parallèlement, une mise en garde s’impose concernant la société civile opportuniste qui, dans le passé, soutenait ouvertement le régime déchu de la Renaissance. Le CNSP doit ainsi opérer avec prudence pour éviter toute infiltration qui pourrait compromettre le processus de transition.
En outre, afin de garantir une transition réussie, il est capital que les formations politiques ne dominent pas le Dialogue National Inclusif. Un tel monopole ne ferait que servir leurs intérêts égoïstes, au détriment de l’objectif ultime de refonder la nation sur des bases saines et inclusives.
En conclusion, le CNSP se trouve face à un défi majeur : orchestrer une transition qui ne répète pas les erreurs du passé, et qui pose les jalons d’une ère nouvelle empreinte de justice, de transparence et de dévouement au bien commun. Il est impératif que ce conseil de Dialogue National Inclusif, nouvellement formé, prenne des mesures audacieuses pour éviter un échec qui pourrait s’avérer catastrophique pour l’avenir du pays.