Après un très long silence, l’opposition a enfin décidé de donner de la voix pour montrer qu’elle existe encore. Elle a rendu publique ce mardi après-midi, devant le siège national du RDR-Tchanji, une déclaration pour réaffirmer sa contestation de la victoire de Mohamed Bazoum au deuxième tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021 et dénoncer les pires travers de la gouvernance du régime de la Renaissance incarné par le PNDS-Tarayya. ‘’La Coalition CAP 20-21/ACC/FRC et Alliés ne reconnaît pas l’élection de Bazoum Mohamed à la présidence de la République’’, conformément à sa déclaration initiale du 18 avril 2021, a martelé le président Kané Kadaouré Habibou, déclinant le contenu de la déclaration.
Du contentieux électoral
‘’Cette position, nous la maintenons sans ambiguïté aucune. Pour faire corps, le conseil du candidat Mahamane Ousmane a introduit un recours auprès de la Cour de justice de la CEDEAO aux fins de constater et condamner les multiples violations de ses droits dans le traitement du dossier des élections présidentielles du 21 février 2021 par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle. En dépit du contexte, nous faisons foi dans l’issue favorable de cette requête’’, a-t-il rassuré. C’est un coup d’Etat électoral, c’est le président Mahamane Ousmane qui a remporté l’élection, Bazoum n’est qu’un usurpateur, nous ne bougerons pas de cette position ! Tel est le principal message de l’opposition sur le contentieux post-électoral qui a encore de beaux jours devant lui. Concernant la gouvernance de la renaissance, la déclaration a essentiellement mis l’accent sur la gestion de la crise sécuritaire, celle de l’école et accessoirement sur la diplomatie, pour dénoncer avec véhémence l’échec patent de la renaissance dans tous ces secteurs.
A propos de la crise sécuritaire
Sur la gestion de la crise sécuritaire liée au terrorisme qui affecte plusieurs régions de notre pays depuis 2015, l’opposition a déploré l’hécatombe qui se poursuit avec ‘’une intensité des tueries de masse de manière encore plus sauvage’’ mais aussi ‘’les déplacements massifs et forcés des populations’’ du fait de ‘’l’absence de l’Etat dans les zones reculées’’. Devant ce constat affligeant, le président Ousmane et ses soutiens politiques ont tenu à rappeler aux régents que ‘’notre souveraineté, c’est notre liberté dans la justice rendue au nom du peuple, c’est la maîtrise par nous-mêmes de notre système de défense et de sécurité, c’est le mécanisme de protection de notre économie, c’est l’entière propriété sur nos ressources naturelles, c’est également une monnaie émancipée, propre à notre espace communautaire’’. Il faut, selon eux, ‘’une politique de défense et de sécurité, acceptée par tous’’ pour venir à bout de l’insécurité que nous vivons actuellement.
L’école agonisante
La question de l’école a constitué le deuxième temps fort de la déclaration. Dire qu’elle est agonisante est un euphémisme. En attestent les résultats catastrophiques enregistrés cette année à l’examen du BEPC, et c’est ça qui a d’ailleurs constitué la porte d’entrée pour l’opposition. Selon elle, depuis dix ans, ‘’le régime PNDS a lamentablement échoué dans l’identification des réels maux dont souffre l’éducation au Niger. La politique au même titre que l’éducation est l’engendrement continu d’une nation et d’un peuple. L’école publique n’est plus le lieu où la nation se reproduit, elle est plutôt devenue un lieu de business, un guichet parmi tant d’autres, ouverts par les usurpateurs’’, a indiqué Habibou. Parmi les griefs reprochés au pouvoir, l’opposition a notamment énuméré l’absence d’infrastructures scolaires descentes, l’absence de vision de l’éducation des enfants, les dysfonctionnements liés à l’insuffisance notoire de ressources pédagogiques et didactiques ainsi que les conditions abjects de l’enseignant. ‘’Le taux de performance globale au BEPC 2021est de 20,5% alors qu’il était de 60% à la prise de pouvoir du PNDS en 2011’’, a comparé l’opposition. Comment arrêter la descente aux enfers ? Simple ! Il faut mettre en place ‘’un nouveau système éducatif dans lequel l’échec scolaire soit perçu comme l’échec des gestionnaires du système’’. C’est le prix à consentir, selon elle, pour ‘’bâtir une génération compétente pour le Niger de demain’’.
Une diplomatie cahoteuse
Sur le plan diplomatique, l’opposition s’est saisie de la perche tendue par Bazoum dans le cadre de la crise politique malienne pour lui rentrer proprement dedans. Soutenant les efforts des Maliens pour se soustraire du diktat de l’extérieur sur les questions de défense et de sécurité de leur pays, l’opposition s’est dite indignée du comportement de Bazoum, consistant notamment ‘’à plaider l’illégitimité des courageux dirigeants actuels du Mali auprès de la communauté internationale, alors que lui lui-même est parvenu au pouvoir par un coup d’Etat électoral’’. Tel est le substrat de la déclaration, qui n’apporte rien de nouveau par rapport à des constats affligeants que les Nigériens connaissent déjà. En vérité, le seul mérite de la déclaration, c’est le fait d’exiger la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques de la renaissance. Sinon, demander aux militants de rester vigilants par rapport à l’offensive de charme engagée par Bazoum et de ‘’se tenir prêts pour les mots d’ordre de mobilisation et de lutte à venir’’, c’est du déjà entendu moult fois. C’est la même rengaine, qui a peu de chance d’avoir une suite.