Le refus du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) à travers une lettre du ministère des Affaires étrangères d’accueillir la mission conjointe de la CEDEAO, des Nations unies et de l’Union Africaine (UA) au Niger est, sans conteste, une décision qui pourrait avoir des ramifications diplomatiques, politiques et économiques. Cette démarche du CNSP s’inscrit dans un contexte déjà tendu, où la CEDEAO avait précédemment imposé des sanctions drastiques à notre pays.
L’argumentation du CNSP : entre colère populaire et nécessité de préparation
Les raisons évoquées par le CNSP pour justifier ce refus s’articulent autour de plusieurs axes. D’une part, le « contexte actuel de colère et de révolte des populations » suite aux sanctions imposées par la CEDEAO. Ceci démontre une tentative de la junte de se ranger derrière l’opinion publique, suggérant que la mission risquerait de déstabiliser davantage le climat déjà précaire dans le pays. D’autre part, le CNSP met en avant le besoin de préparer à l’avance les modalités de cette visite, notamment concernant les personnalités que la délégation souhaiterait rencontrer, en l’occurrence Mohamed Bazoum, le président déchu.
Fermeture des frontières mais ouverture au dialogue
Malgré le refus d’accès au territoire nigérien, le CNSP ne ferme pas totalement la porte au dialogue. En rappelant que les frontières ont été fermées à la suite des sanctions de la CEDEAO, la junte exprime néanmoins sa volonté d’engager des discussions concernant la situation au Niger. Ce paradoxe peut être vu comme une stratégie du CNSP pour garder une certaine maîtrise de la situation, tout en évitant une isolation totale sur la scène internationale.
Échec des tentatives précédentes : une médiation compliquée
La mission tripartite n’est pas la première à tenter d’établir un dialogue avec le CNSP. La médiation du Sultan de Sokoto et de Abdulsalami Abubakar, l’ex président du Nigeria, a également échoué quelques jours plus tôt. Ces échecs successifs montrent la détermination du CNSP à maintenir une certaine autonomie vis-à-vis des pressions internationales.
Cependant, cette position ferme du CNSP risquerait d’aggraver l’isolation du Niger sur le plan international. En refusant le dialogue avec des organisations internationales majeures, les sanctions déjà imposées par la CEDEAO pourraient être renforcées ou des pressions accentuées, ce qui pourrait avoir des conséquences économiques néfastes pour le pays et compliquer davantage la situation pour les citoyens ordinaires, créant ainsi un climat d’incertitude pour l’avenir du Niger.
Si l’on comprend que le CNSP tente de défendre sa position et d’asseoir son autorité, il est aussi impératif de souligner qu’au regard des défis nombreux et complexes auxquels le pays est confronté, la nécessité d’un dialogue constructif et inclusif n’a jamais été aussi cruciale.