Suite à la volonté des autorités nigériennes de dénoncer les accords de coopération militaire avec les États-Unis, possédant deux bases recensées dans notre pays, l’une à Agadez, dédiée aux drones et autres dispositifs de surveillance, l’autre à Dirkou, pour des activités plus opaques, l’Oncle Sam a répliqué qu’il se soumettrait à un calendrier de désengagement convenu d’un commun accord. Selon nos informations, il a déjà pris langue avec la Mauritanie pour trouver un point de chute.
Vous avez dit impérialisme ?
Levons d’entrée de jeu une équivoque qui semble enracinée dans l’inconscient du révolutionnaire en herbe : l’anti-impérialisme primaire dont nous ne sommes en rien les suppôts. Pour la bonne raison que nous n’attachons à ce vocable plus qu’il n’en faut, c’est-à-dire rien que son sens premier qui tend à se dissoudre dans des considérations plus au moins romanesques. Pour nous, l’impérialisme n’est rien d’autre qu’une domination économique et ses inductions sociales, culturelles et parfois militaires. Ainsi s’est comportée la Rome antique à l’égard des peuplades de la Gaule et d’autres contrées ; ainsi se comporte l’Oncle Sam à l’égard des pays du sud… et du nord, dont les pays Européens ( France, Italie, Espagne, etc). Coca-Cola, fast-food et autres « American way of life », voilà les manifestations de l’impérialisme qui, naturellement, buttent contre des résiliences, ici et là. Mais rien de vraiment rédhibitoire dans son principe (sauf quand l’idéologie s’en mêle revêtant un caractère existentiel). Qui, en France, parle de l’impérialisme US aujourd’hui ?
En réalité, on nous donne ce biberon à téter pour détourner notre attention du danger le plus nocif et le plus pervers : le néocolonialisme. Il ne faut pas se tromper d’adversaire. Il ne faut pas diaboliser, de manière primaire, l’Oncle Sam. Loin de nous l’idée sacrilège ( pour un progressiste) de mettre Trump, ou même Biden, sur un piédestal. Certes, non ! Il est simplement question de ne pas être atterré rien qu’à l’énoncé du nom des États-Unis d’Amérique. Concentrons nos efforts sur l’essentiel, et soyons extrêmement lucides.
Mister Freedom
Capitaine America, depuis un siècle, passe son temps, avec d’autres super-héros, à sauver la terre de toute forme de périls. Et il y a du vrai dans cette vision idyllique de la personnalité profonde de l’Oncle Sam. Certes, il n’a pas eu trop de scrupule à massacrer les civilisations premières de l’Amérique et d’ailleurs, et aussi de bafouer les droits civiques des Noirs, mais, en même temps, il a montré un cœur d’or en se drapant de grands principes moraux, auxquels il pouvait consentir le sacrifice ultime. Ange et démon à la fois, les USA, n’ont pas fini d’intriguer l’humanité dans son ensemble, générant admiration ou répulsion, selon le temps et l’espace. Dans les dédales de ses postures souvent contradictoires, il en reste une qui nous paraît immuable. Le «deal» qu’il se fait un point d’honneur de respecter quoi qu’il arrive. Avec, évidemment, des exceptions qui confirment la règle. Aujourd’hui, de façon générale, et pour rien au monde, l’Oncle Sam ne souhaiterait que l’on puisse dire de lui, qu’il a la langue fourchue. Il était, est, et sera toujours Mister Freedom, tel qu’il se conçoit.
Les bases US au Niger
Il n’a pas été spécifié très clairement que les soldats Américains devraient s’engager sur le terrain, à combattre les terroristes. Ils étaient tenus à des missions de surveillance d’un espace prédéterminé et d’alerte des autorités locales, en cas des besoin. Ce « deal » a été respecté de A à Z . Mais, comme on le dit souvent, tout ce qui n’est pas formellement interdit est permis. Que les troupes US se livrent à des activités suspectes annexes, qui n’engagent qu’eux, nos autorités ne pouvaient pas l’ignorer. Cependant, il n’ont émis aucune remarque à ce propos. On le sait, qui ne dit mot, consent. Difficile donc d’affirmer qu’il y a eu duperie sur ce plan. Parlons plutôt de légèreté, ou de laxisme, du côté du pays hôte. Il est clair et net, que nous n’avons aucun grief à adresser à l’Oncle Sam, qui d’ailleurs, aurait été trop candide en ne saisissant pas l’aubaine de déployer ses troupes dans un pays peu regardant sur ses activités, plus au moins secrètes. On comprend dès lors l’arrogance de Madame Molly Phee, cheffe de la délégation US de négociation qui, de bon droit, devait se demander si les Nigériens savent lire ce qu’ils signent. La vérité est que les Américains ne sont pas meilleurs que les autres, Français, Chinois, Russes ou Tartempion. Ils ne sont pas pires non plus. Si nous pouvons dominer les réactions émotionnelles épidermiques qui nous submergent, on sera à même de discerner les avantages spécifiques que nous garderons en renégociant avec l’Oncle Sam. Bien entendu, ceci n’exclut pas toutes formes de coopération avec d’autres États, dans des domaines différents et bien ciblés. C’est une donne fondamentale si l’on a, un tant soit peu, sa souveraineté à cœur. Du reste, l’Oncle Sam serait mal venu de nous dénier la faculté de coopérer avec des partenaires de notre choix. Dans l‘ISS ( station spatiale Internationale ), les Américains coopèrent avec les Russes, comme larrons en foire. Et dans maints autres domaines. De qui veut-on se moquer ? De grâce, que ceux qui lisent ‘’ Tintin au Congo ’’ de Rémy George ( RG : Hergé ) ou ‘’ l’Etat sauvage ‘’ de George Cochon, sortent de leurs apriori et complexes de supériorité puérils et voient la réalité en face. Le Niger et les pays de l’AES sont désormais souverains, pleinement souverains. Qu’on se le dise !