Nouveau patron, nouvelles règles
Nommé le 18 novembre 2021, Ibrahim Mamane a pris les commandes de la Société Nigérienne du Pétrole (SONIDEP) avec la ferme intention de commander un audit organisationnel. Dès sa prise de fonction, il a clairement « attiré l’attention des directeurs sur le besoin de redressement de la Société par rapport aux difficultés financières dans lesquelles se trouve actuellement la SONIDEP ». Il est évident qu’un tel discours n’est pas pour plaire à tout le monde dans une société où les mauvaises pratiques sont devenues la norme. En peu de temps, Ibrahim Mamane a mis fin à certaines habitudes qui jurent avec les règles de la bonne gestion. Autant dire que le nouveau patron de la SONIDEP a fait des mécontents aussi bien au sein de la société que dans les rangs des partenaires d’affaires. En plus d’une décennie, c’est la première fois que la SONIDEP n’est pas dirigée par un protégé de l’ancien président de la République. Issoufou Mahamadou s’est servi de cette société étatique pour récompenser certains de ses soutiens politiques : recrutements en série, contrats de prestation de services et autres faveurs. Les nostalgiques de l’ère Issoufou n’ont jamais voulu de la nomination d’Ibrahim Mamane à la tête de la SONIDEP.
Des intérêts croisés
Comment expliquer une pénurie de gasoil (sur plusieurs jours !) dans un pays producteur de pétrole et où la raffinerie tourne à plein régime ? Cette question trotte dans la tête de plus d’un Nigérien. En vérité, la pénurie de gasoil au Niger cacherait une guerre de tranchées entre de clans au pouvoir. Cette crise n’a rien de subite, tout le monde l’a vue venir, elle était écrite à l’avance, mais certains l’ont laissée se produire aux fins de régler quelques comptes politiques. Dans certains cercles du pouvoir, l’on tente d’imputer la raréfaction du gasoil dans les stations-services à Ibrahim Mamane. Ce dernier est jeté en pâture, on veut lui faire porter le chapeau. La pénurie de gasoil dans notre pays repose sur des intérêts croisés, pour ainsi dire. Faire partir Ibrahim Mamane de la SONIDEP serait-il l’objectif inavoué de certains éléments qui gravitent dans la galaxie du ministre du Pétrole ? Réussiront-ils leur pari ?
En attendant, mal leur est pris. Car, le ministre du Pétrole se retrouve aussi en première ligne dans cette affaire.
Rétablir la normalité
Il se joue une guerre des seconds couteaux entre différents clans au pouvoir. Le DG de la Sonidep, on le sait, est un proche de Bazoum Mohamed. Une proximité qui fait dire à certains que la probable tension entre Abba Issoufou et Ibrahim Mamane risquerait de déteindre sur les rapports entre Bazoum Mohamed et Issoufou Mahamadou. Quoi qu’il en soit, dans cette affaire, le dernier mot revient au président de la République, lequel doit mettre fin à cette honteuse crise du gasoil au plus vite. Il est inadmissible que des clans se règlent des comptes au risque d’asphyxier l’économie nationale. Les petites bisbilles entre clans (dans un même parti politique) ne doivent pas primer sur l’intérêt national. Bazoum Mohamed saura-t-il rétablir la normalité dans la fourniture du gasoil aux usagers ? La question reste posée.