Après l’ancien Directeur général de l’Ecole nationale d’administration (ENA), arrêté dans le cadre d’un concours présumé frauduleux, c’est au tour de deux anciens Directeurs généraux des Douanes de bénéficier d’une mesure de liberté provisoire. Il s’agit du colonel Amadou Oumarou Petitot et du général Amadou Halilou. Ces deux personnalités, ainsi qu’un ancien comptable des Douanes, ont été interpellées et placées en détention à la suite d’un rapport de la HALCIA transmis à la justice, lequel rapport évoque un détournement présumé de deniers publics portant sur plusieurs milliards de francs CFA.
Il s’agit notamment de non reversements de taxes communautaires CEDEAO (Tarifs extérieurs communs). Dans la gestion du colonel Petitot (DG du 12 janvier au 20 septembre 2019), il a été relevé une utilisation irrégulière de ces prélèvements communautaires pour un montant de 1,5 milliard de francs CFA. Mais il ne s’agirait en réalité pas d’un détournement de deniers publics, mais plutôt d’un détournement d’objectif. Une régularisation serait d’ailleurs intervenue sur les crédits de fonctionnement de la Douane. Après cette valse de liberté provisoire, à qui le tour : Mahamadou Tankari, jusqu’à récemment Directeur général de la SONUCI ou Mahamadou Zada, ancien Ministre du gouvernement Ouhoumoudou ?
Au niveau de l’Administration des Douanes, l’utilisation des taxes communautaires à d’autres fins de service était une pratique courante et antérieure à la nomination de Petitot comme DG. Mais, curieusement, seuls les deux anciens Directeurs généraux précités ont été interpellés dans cette affaire. Il faut dire que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées est sélective sous le régime dit de la Renaissance. Depuis que le PNDS – Tarayya est arrivé au pouvoir, en 2011, et ce jusqu’à ce jour, aucun cacique de ce parti n’a été inquiété pour des faits présumés de détournement de deniers publics ou d’enrichissement illicite. Pourtant ce n’est pas ce qui manquerait. Si le président Mohamed Bazoum à une « conscience aiguë du fait que la corruption et l’impunité constituent les plus grands facteurs de déstabilisation de nos institutions », il n’aurait malheureusement pas entre ses mains la « télécommande » de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Une simple instruction venue d’ailleurs pouvait mettre un terme à une enquête administrative dans une affaire de mauvaise gestion de deniers publics.