A la faveur du coup d’Etat militaire qui a renversé le président Bazoum Mohamed le 26 juillet 2023, toutes les personnes vivant en exil forcé à l’extérieur sont en train de regagner le bercail, avec sûrement l’autorisation du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Après le retour triomphal au pays, en septembre dernier, du président Hama Amadou, autorité morale du Moden Fa Lumana, c’est au tour de notre jeune confrère Baba Alpha du groupe privé Bonferey d’être accueilli à Niamey ce jeudi 19 octobre, au bout de 4 ans de bannissement du Niger par le régime des Tarayyistes.
Concernant le cas du président Hama Amadou, nul besoin de s’attarder ici sur les circonstances de son exil forcé, le deuxième du genre entre 2014 et 2021 ; l’on retient tout simplement qu’il a vécu dans cette situation pénible par la seule volonté de l’ancien président Issoufou Mahamadou qui a décidé de faire de lui son ennemi politique juré. L’adversaire redoutable qu’il fallait par tous les moyens détruire et éjecter de l’arène politique. Et Issoufou est finalement parvenu à ses fins en instrumentalisant la justice pour le déchoir de ses droits politiques, après l’avoir fait jeté en prison à Filingué.
Le cas du jeune confrère Baba Alpha illustre encore de façon plus éloquente le degré de cynisme et de cruauté du régime des camarades roses qui est balayé du pouvoir par l’armée le 26 juillet dernier.
Arrêté et emprisonné en compagnie de son père biologique pendant un an à la maison d’arrêt de Niamey pour faux et usage de faux présumé (une affaire de certificat de nationalité), le jeune journaliste a vécu une épreuve très pénible.
Tout juste libéré après avoir purgé sa peine d’emprisonnement ferme, il est immédiatement embarqué au perron de la prison dans un véhicule des FDS muni d’un sauf conduit signé par le ministre de l’Intérieur [à l’époque des faits Bazoum Mohamed] à destination de la frontière malienne où il sera remis aux gardes-frontières du pays.
Il est accusé par Bazoum et les siens de constituer une ‘’menace pour la sécurité intérieure de l’Etat’’, une charge farfelue, fabriquée de toute pièce, sur la base de laquelle ils ont décidé de faire de lui un apatride.
Dans la vie, toute chose à une fin mais les Tarayyistes ont évidemment écarté cette certitude de leur raisonnement, pensant avoir verrouillé et condamné tous les mécanismes par lesquels ils pourraient être évincés du pouvoir. Du moins, de sitôt ! Par la grâce de Dieu, c’est arrivé par surprise, et par là où ils ne s’y attendaient pas !
Les exilés forcés qu’ils pensaient avoir éloignés du pays pour longtemps sont en train de revenir, les prisonniers politiques qu’ils pensaient pouvoir garder longtemps en détention sont en train d’être progressivement élargis.
En politique, ‘’tu peux être le chasseur aujourd’hui et être la biche demain’’, pour paraphraser Amadou Oumarou dit Bonkano. Ironie de l’histoire, les dignitaires roses qui se croyaient très puissants, méprisant les Nigériens, sont devenus aujourd’hui les ‘’gibiers’’.
Certains d’entre eux sont déjà en train de goûter aux dures réalités de la privation de liberté, arrêtés et dispatchés dans diverses maisons d’arrêt de Niamey, Tillabéri et Dosso ; d’autres qui étaient en mission à l’étranger lorsque le putsch militaire est intervenu ou ont pu s’enfuir avant d’être interpellés, apprennent à s’adapter à leur nouvelle vie d’exil sans fin.
Dans cette catégorie des fugitifs figurent l’ancien PM Ouhoumoudou, l’ancien ministre des Affaires étrangères, l’arrogant Massoudou Hassoumi, l’ancien ministre du Commerce Alkache Alhada, l’ancien ministre conseiller à la présidence Rhissa Boula, l’ancien Directeur de cabinet à la présidence Daouda Takoubakoye et son adjoint Oumarou Moussa, etc.
Ceux-là sont condamnés à vivre un exil interminable, car ils sont considérés comme des traîtres -au sens noble du terme- au regard de la gravité des actes qu’ils ont posés contre le pays.
Depuis leur terre d’exil, ils n’ont eu cesse de demander avec insistance à la France et à la CEDEAO d’intervenir militairement au Niger pour libérer et réinstaller Bazoum dans son fauteuil. Dans aucun pays au monde, les auteurs de tels actes gravissimes ne peuvent bénéficier d’une clémence de la société. Un mandat de recherches est d’ailleurs émis contre eux par le CNSP. Dans certains pays, c’est directement le poteau d’exécution, sans autre forme de procès !