L’histoire du colonialisme français en Afrique est longue, parsemée de trahisons, d’exploitations et de paternalismes non dissimulés. Mais alors que le 21ème siècle avance à grands pas, on pourrait s’attendre à ce que la France modernise sa perception et son interaction avec le continent africain. Hélas, le discours de ce lundi 28 août d’Emmanuel Macron lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Elysée nous rappelle que l’ancienne mentalité coloniale est loin d’être reléguée aux livres d’histoire.
Le refus de l’évidence : quand le déni prend le dessus
Emmanuel Macron, avec toute l’arrogance que lui confère son statut de chef d’Etat de l’une des plus grandes puissances mondiales, a défendu sans faille le maintien de l’ambassadeur français à Niamey. Cette décision, prise en dépit de l’opposition claire du nouveau régime, est une insulte flagrante à la souveraineté du Niger. En quoi le refus de reconnaître les souhaits d’une nation est-il différent de l’impérialisme et de la domination que la France a exercée pendant des siècles en Afrique ?
Les putschs africains : des réalités complexes réduites à des stéréotypes
Lorsque Macron parle d’une « épidémie de putschs dans tout le Sahel », il commet une erreur fondamentale : comme si chaque intervention militaire relevait d’une même logique simpliste. Chaque État, chaque nation possède sa propre histoire, ses propres enjeux, ses propres dynamiques. En les plaçant sous une seule et même bannière, Macron démontre une méconnaissance alarmante des réalités africaines, tout en perpétuant des stéréotypes réducteurs et néfastes. Ce genre de généralisations réductrices est non seulement dangereux, mais aussi dédaigneux vis-à-vis des populations concernées.
Une ingérence déguisée sous le voile de la “responsabilité”
L’injonction du président français aux États de la région d’adopter une « politique responsable » est dénuée de tout sens. En utilisant le terme “responsable”, Macron s’érige en juge de ce qui est “bon” ou “mauvais” pour l’Afrique. Une tentative sournoise de dicter la politique africaine, selon les intérêts français. Le sens est clair : conformez-vous à ce que la France juge approprié, ou faites face à notre désapprobation. L’évocation de son soutien à la CEDEAO n’est qu’une façade pour masquer une intention plus sinistre : maintenir une influence française sur la politique africaine. Le chef de l’Etat français semble oublier que le Niger, comme tout autre État souverain, a le droit de tracer son propre chemin, sans être constamment placé sous le joug d’une supervision occidentale.
Une Europe centrée sur elle-même : l’obsession d’une grandeur perdue
Enfin, lorsque Macron parle du « risque d’affaiblissement » de l’Europe et de l’Occident, il illustre la mentalité eurocentrique qui a longtemps dominé la politique française. Le monde est bien plus grand que l’Europe, et les pays du Sud ont depuis longtemps commencé à réclamer leur place légitime sur la scène mondiale. En se concentrant uniquement sur les préoccupations occidentales, Macron fait preuve d’une myopie diplomatique qui ne sert ni la France, ni ses partenaires africains.
Conclusion : le néocolonialisme à la Macron À travers son discours, Macron a dévoilé une vision désuète et paternaliste de l’Afrique, faisant écho aux pires jours de l’empire colonial français. Il est temps que la France reconnaisse que l’époque où elle pouvait dicter sa volonté à l’Afrique est révolue. Le Niger, tout comme d’autres nations africaines, méritent le respect, la reconnaissance de leur autonomie et un partenariat sur un pied d’égalité. Espérons que la France, sous la direction de Macron ou de ses successeurs, saura évoluer et traiter l’Afrique avec la dignité qu’elle mérite.