À Dosso, la faible mobilisation du 17 avril 2024 pour le départ des troupes américaines envoie un message sans équivoque au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) : la souveraineté, si elle est une aspiration légitime, ne saurait suffire à elle seule pour assurer la légitimité d’un gouvernement et son acceptation par le peuple nigérien. Comme l’a si pertinemment souligné Machiavel, « Il n’est pas nécessaire qu’un prince possède toutes les qualités susmentionnées, mais il est très nécessaire de paraître les posséder. » Ainsi, au-delà de la posture, il est crucial pour le CNSP de démontrer son efficacité dans des termes qui résonnent avec le quotidien des Nigériens.
Cette mobilisation contrastée révèle une fracture entre le discours et la perception de l’action gouvernementale. Le CNSP, dans sa hâte de réaffirmer l’indépendance du Niger, semble avoir négligé l’essence même de la gouvernance : répondre aux besoins de sa population. Comme le rappelle Aristote, « L’État est la communauté des bienfaits aussi bien que des lieux ; il vise à une sorte de vie parfaite ». Il est donc impératif que la junte s’attache non seulement à la défense de la souveraineté mais aussi à l’amélioration tangible des conditions de vie des populations.
La faible réaction de Dosso suggère également un déficit de communication et d’inclusion de la part du CNSP. Une stratégie de communication inclusive et transparente n’est pas un luxe mais une nécessité pour restaurer la confiance et assurer une adhésion populaire durable. La junte doit articuler clairement ses objectifs, non seulement en matière de souveraineté nationale mais aussi en termes de progrès social et économique.
En somme, Dosso sonne comme un rappel que la souveraineté ne peut être le seul étendard sous lequel se rassembler. Les dirigeants actuels doivent comprendre, comme l’exprimait si bien Jean Bodin, dans ses “Six Livres de la République” que, « la souveraineté doit résider dans la provision du bien commun. » En cela, elle nécessite des actions concrètes qui améliorent le quotidien des citoyens. Sans cela, les déclarations de souveraineté risquent de sonner creux.
La réaction de Dosso n’est donc pas un simple fait isolé, mais un baromètre des attentes non satisfaites qui, si elles sont ignorées, risquent de compromettre la transition et de fragiliser la stabilité si chèrement acquise. Il est grand temps que le CNSP relie sa rhétorique souverainiste à des actions pragmatiques et inclusives, créant ainsi les conditions nécessaires à une paix durable et aussi au bien-être du peuple.