Dans son livre de Mémoires publié en octobre 2015, Abdou Diouf est revenu sur ses premières années sous les ors de la République : « J’ai été mis aux affaires pendant que j’étais jeune : à 26 ans, gouverneur de l’une des régions les plus importantes du Sénégal, à 27 ans, secrétaire général de la présidence de la République, à 32 ans, ministre de Senghor, à 34 ans, Premier ministre, et à 45 ans, président de la République du Sénégal. » Près d’une vingtaine d’années durant, le successeur de Léopold Sédar Senghor a régné sur son pays. Pour certains, le deuxième chef de l’État du Sénégal est un démocrate dans l’âme. C’est sans doute vrai sur certains points. Mais il ne faut pas oublier le fait que le ‘’chouchou de Senghor’’ s’est, un moment, montré mauvais perdant en 2000 face à Abdoulaye Wade. « Pendant l’entre-deux tours, les diplomates français font passer plusieurs messages afin que Diouf et sa famille acceptent la défaite qui se profile. La France souhaite éviter que le Sénégal, fidèle allié depuis l’indépendance, hébergeant une base militaire, bascule dans la violence », rapportent des sources bien introduites.
Abdou Diouf a frisé l’opprobre en voulant s’accrocher au pouvoir : « J’aurais voulu continuer, parce que les années d’ajustement structurel commençaient à porter leurs fruits. » Autre pays, autre parcours similaire, autre sortie de scène peu flatteuse. « Ministre à 26 ans, octogénaire agrippé au pouvoir : Bouteflika, un destin algérien », a titré un média français en septembre 2021. Plus jeune ministre des affaires étrangères du monde, à 26 ans, en 1963, Bouteflika est arrivé au pouvoir en 1999, il a quitté la présidence après avoir tenté d’obtenir le mandat de trop en 2019. Contrairement à Abdou Diouf, qui s’est évité l’humiliation d’un départ forcé, Bouteflika a poussé le bouchon un peu loin, il a franchi le Rubicon. Acculé par la rue algéroise, l’octogénaire a fini par signer sa démission le 02 avril 2019. Comme quoi, elle est mince la frontière entre le pouvoir et l’opprobre.