Le déplacement du ministre de l’Intérieur, Hamadou Souley, dans la région de Tillabéry, secouée par le terrorisme, a été marqué par un naufrage communicationnel qui a laissé un goût amer et a suscité des interrogations alarmantes. Les mots du ministre, loin de rassurer, ont aggravé le sentiment d’abandon ressenti par la population et ont mis en évidence l’échec apparent de la stratégie de l’Exécutif contre l’insécurité.
D’abord, la tentative maladroite du ministre de réfuter l’accusation de complicité du gouvernement avec les groupes djihadistes a manqué d’efficacité. Son approche, consistant à établir un parallèle avec la situation sécuritaire plus critique du Mali et du Burkina Faso selon lui, s’est avérée contre-productive. Ce raisonnement ne suffit pas à blanchir le gouvernement nigérien des soupçons qui pèsent sur lui. Cette défense lacunaire et l’évocation nonchalante de manipulateurs politiques non identifiés ont soulevé plus de questions que de réponses.
Plus préoccupante encore est l’absence de solutions concrètes proposées par le ministre pour mettre fin à cette crise sécuritaire prolongée. Au lieu d’apporter des solutions, il a trouvé des justifications à une situation. Ce manquement a laissé les citoyens de Tillabéry dans un état d’incertitude renforçant le sentiment d’abandon par l’État.
De plus, les commentaires du ministre sur la migration interne, où il encourageait presque les déplacés à se réjouir de leur sort par rapport aux réfugiés maliens et burkinabés, étaient dénués d’humanité mais aussi d’empathie. Toute forme de migration forcée est une tragédie, qu’elle soit interne ou externe, et elle ne devrait jamais être banalisée ou minimisée.
Enfin, la décision du président Bazoum Mohamed de déléguer cette mission à son ministre semble indiquer un manque d’engagement personnel face à cette crise. Dans de telles périodes de désarroi, c’est lui l’élu pour qui les citoyens ont voté qu’ils veulent voir et non un de ses ministres.
En conclusion, les propos de Hamadou Souley sont une manifestation de l’impasse dans laquelle se trouve le gouvernement face à l’insécurité grandissante. Ils soulignent l’absence de stratégie face aux insurrections djihadistes et une déconnexion avec la réalité sur le terrain.