C’était au temps où la politique était respectée. On ne parlait pas «d’élites déconnectées», «d’oligarchie prédatrice», «de ploutocratie». On était de droite, socialiste ou centriste, et chacune de ces sensibilités influençait une partie du peuple qu’on ne présentait pas comme une entité confuse et dissidente mais comme une communauté de citoyens.
Pour un jeune diplômé, le service de l’Etat était un sacerdoce prestigieux et l’élection une insigne promotion, qui valait qu’on lui consacre le meilleur de soi-même, entouré de la considération générale, sûr de contribuer au redressement du pays et à la pérennité de la République. Pour les têtes les mieux faites, la politique était l’ultime ambition, qui permettrait d’accéder aux cercles du pouvoir, d’exercer la responsabilité suprême afin de contribuer à la tâche qui leur paraissait la plus noble : participer à l’édification de la nation. On voit que cela se passait en des temps très anciens… Et surtout le souvenir d’une époque où l’élite était celle du service public, où l’argent était une simple commodité, où ceux d’en haut justifiaient leur position par l’amélioration du sort de ceux d’en bas.
Mais aujourd’hui, quid de tout cela !En menant des politiques éloignées de l’intérêt du plus grand nombre, en favorisant une petite élite à laquelle elles appartiennent, en manipulant, en mentant et en s’enrichissant sur le bien commun, les élites – politiques, intellectuelles – du pays mettent en péril la démocratie, l’Etat de droit et sapent le contrat social. Tout cela nourrit une crise démocratique que tout démontre : l’effondrement des partis politiques, le procès d’impuissance fait à la politique, une défiance accrue des citoyens à l’égard des élus et des institutions de la République… Le système démocratique, mis en place aux lendemains de la Conférence Nationale Souveraine de 1991, et qui a fonctionné tant bien que mal, est aujourd’hui à bout de souffle. Il ne sert plus les intérêts du plus grand nombre mais d’une coterie au pouvoir.
Une refonte de nos institutions est donc nécessaire et urgente afin de réconcilier les Nigériens avec la démocratie Représentative.