Que le temps passe vite ! Dans moins de 4 mois, en septembre prochain précisément, les travailleurs nigériens – militants des centrales syndicales – retourneront aux urnes pour l’élection des organisations les plus représentatives qui seront les interlocuteurs du gouvernement en matière de négociations au cours des 4 prochaines années. La date sera-t-elle respectée ? Rien n’est moins sûr au regard notamment du volume de travail à réaliser pour organiser des élections transparentes et crédibles.
Pour un scrutin prévu se dérouler en septembre prochain, c’est ce mardi 30 mai 2023 seulement que le ministre de l’Emploi a convié les secrétaires généraux des différentes centrales syndicales à une réunion générale pour échanger sur les modalités de mise en place de la Commission nationale des élections professionnelles (CONEP).
Les discussions ont essentiellement porté sur le rapport d’un groupe de travail créé pour préparer la mise en place de la nouvelle Commission. Ledit rapport fait le point sur les péripéties qui ont émaillé l’organisation des premières élections professionnelles de juillet 2019 et recense les activités à réaliser pour permettre la tenue effective de la deuxième consultation à la date indiquée. Entre autres manquements à corriger, le document souligne la mauvaise qualité du fichier électoral qui est due à un système de recensement imparfait ; le problème de l’enrôlement des électeurs et du ratissage dans les zones d’insécurité ; les fraudes et tentatives de fraudes ; le déficit de formation des agents électoraux ; l’immixtion et le parti pris du gouvernement dans la compétition électorale, etc.
Est-il possible d’élaborer un fichier électoral honnête en moins de 3 mois, alors que la CONEP chargée de conduire le travail n’est même pas mise en place ? Encore moins ses démembrements régionaux qui interviendront après seulement ? Le doute est permis ! Surtout qu’il y a aussi les textes à réviser notamment l’arrêté du 14 septembre 2014 fixant les règles d’organisation des élections, c’est-à-dire le code électoral professionnel, qui n’est pas consensuel aux yeux de certaines centrales.
Tout reprendre à zéro
Sachant que l’opération a lieu tous les 4 ans, la première expérience aurait dû servir de point d’encrage pour faciliter l’organisation matérielle de la consultation de septembre prochain. Mais, visiblement, tel n’est pas le cas ; il faut tout reprendre à zéro.
L’ancienne Commission électorale dont la gestion financière n’aurait pas été auditée n’a laissé aucune archive, apprend-on. ‘’Le siège de la première Commission ainsi que l’ensemble de son patrimoine ont été transférés au Conseil national de travail (CNT)’’, lit-on dans le rapport.
Au regard de cette situation, il va falloir trouver un nouveau siège à celle qui va être créée, mettre à sa disposition des moyens matériels et logistiques (bureaux, chaises, ordinateurs, serveurs, photocopieurs, système de téléphonie, moyens roulants, etc.) mais aussi un personnel d’appui.
Ce qui nécessitera de l’Etat la mobilisation d’un budget consistant dans une fourchette de temps très réduite. S’y déploiera-t-il pour tenir le pari du mois de septembre ?
Le processus d’organisation de la première édition s’est étalé sur une période de 5 ans de juillet 2014 à juillet 2019 mais malgré cela, le scrutin a été émaillé de beaucoup d’imperfections et ratées qu’il faut minimiser cette fois-ci.
Le coût financier de cette première opération a été arrêté à quelque 882.159.849 francs CFA par le gouvernement pour un budget prévisionnel chiffré à 1.368.781.000 francs par le comité de pilotage du processus. Malgré la révision du budget à la baisse, le décaissement des ressources, qui s’est fait par tranche, a connu des retards.
Quel coût ?
Quel sera le montant du budget pour conduire cette deuxième édition des élections professionnelles ? Il faut attendre la mise en place de la nouvelle CONEP qui va y travailler pour le savoir. Mais d’ores et déjà, le gouvernement dit avoir décaissé un montant de 200 millions de francs pour le démarrage des activités de la structure. Etrange tout de même !
Comment solutionner les doléances des centrales syndicales non-représentatives qui exigent aussi leur part du gâteau de la subvention annuelle allouée par le gouvernement aux organisations des travailleurs que se partagent entre elles les 5 centrales représentatives depuis les élections de 2019 ? Pour être déclarée représentative, une centrale syndicale doit recueillir au moins 5% des suffrages à l’issue de la proclamation des résultats définitifs des élections professionnelles.
Lors de la première édition, c’est la CDTN qui est arrivée en tête, suivie de la CNT, la CGSL-Niger, l’USPT et l’USTN, rappelle-t-on. Ce classement va-t-il être chamboulé ? Ce n’est pas exclu si les élections se déroulent en toute transparence, sans l’immixtion du gouvernement ! Affaire à suivre…