En Afrique, très souvent, les fonctions étatiques sont un raccourci menant à l’enrichissement personnel à la vitesse de l’éclair. Exercer les charges suprêmes constitue une occasion qui peut conduire à l’accumulation illicite de richesses. Toutefois, certains viennent au pouvoir relativement bien nantis déjà. Patrice Talon possédait une belle fortune avant de présider aux destinées du Bénin. On dit la même chose du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara. C’est une exception, pour ainsi dire. Ceux qui s’enrichissent au pouvoir sont les plus nombreux. En Guinée Équatoriale, le clan des Obiang est constitué de pilleurs de deniers publics. En octobre 2017, la justice française a condamné Teodorin Obiang, le fils du maître de Malado, pour possession de « biens mal acquis ». Certains despotes africains emportent dans leurs tombes les secrets de leur fortune illicite. Dans ce registre, Sani Abacha figure incontestablement en tête de liste. Le chef de la dernière dictature militaire au Nigeria aurait détourné plusieurs milliards de dollars durant son règne sanglant. C’est sans doute pour stopper l’accumulation illicite de richesses que nombre de Constitutions du continent font obligation aux autorités suprêmes de déclarer leurs biens personnels avant d’exercer formellement les charges de l’État. Au Niger, l’article 51 de la Loi fondamentale dit : « Après la cérémonie d’investiture et dans un délai de quarante -huit (48) heures, le président de la Cour constitutionnelle reçoit la déclaration écrite sur l’honneur des biens du Président de la République. Cette déclaration fait l’objet d’une mise à jour annuelle et à la cessation des fonctions […]. » Ce 13 avril 2021, Bazoum Mohamed a transmis à la Cour constitutionnelle la déclaration écrite sur l’honneur de ses biens. Le président de la République n’est pas Crésus, il n’est pas pauvre aussi. Il se situe à peu près au même niveau d’aisance matérielle et financière que son prédécesseur à son entrée en fonction en 2011. Sauf qu’Issoufou Mahamadou a quitté le pouvoir en étant riche, très riche même. Bazoum Mohamed en fera-t-il autant ? Une chose est sûre, le pouvoir corrompt, singulièrement en Afrique.