Les grandes avancées en matière de réglementation de la vie publique sont généralement enregistrées dans notre pays à l’occasion des transitions militaires. Celle qui a débuté depuis le renversement du président Bazoum le 26 juillet 2023, avec à sa tête le Général Abdrahamane Tiani, est encore plus prometteuse.
Elle entend pleinement associer les populations nigériennes à la base à la définition des priorités et orientations politiques qui vont régir le fonctionnement de l’Etat pendant la période transitoire et quand le pays sera remis sur les rails de la démocratie.
C’est la mission assignée au Dialogue inclusif national qui sera convoqué dans les semaines à venir par les autorités militaro-civiles en prélude duquel se tiennent d’ailleurs présentement des forums dans toutes les régions du pays. Parmi les attentes fortes qui fusent à travers les interventions lors des manifestations quotidiennes de soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) figure en priorité la restauration de la justice sociale.
C’est une aspiration fort louable au regard de la prédation et la compromission sans commune mesure des finances publiques et des ressources naturelles du pays au cours des 12 dernières années par le régime déchu des renaissants. Mais le plus important consiste surtout à mettre en place des mécanismes solides pour éviter le retour en force de telles pratiques de gestion désastreuse de l’Etat. La tolérance zéro de l’impunité dans toutes les sphères de gestion de la chose publique doit être de mise.
Dans l’élaboration de nouveaux textes de loi devant régir le fonctionnement des institutions de la 8e République, aucune fenêtre pouvant permettre des interprétations tendancieuses ne doit être ouverte.
Aucune marge de manœuvre ne doit être laissée aux présidents d’institutions de la République et autres détenteurs de pouvoir de décisions pour la création de postes fantaisistes ou le recrutement massif de conseillers inutiles. C’est parce qu’il n’y a aucun garde-fou que l’ancien président Issoufou Mahamadou a pu créer illégalement en 2016, un poste de Haut Représentant doté d’un cabinet, lequel poste est maintenu et entretenu sur le dos du contribuable par le président déchu Mohamed Bazoum. Alors même que l’institution n’est nulle part prévue dans les dispositions de la Constitution.
Tout comme d’ailleurs le statut de ces premières dames qui créent spontanément des fondations de bienfaisance pour, dit-on, accompagner leurs époux présidents en vue de l’atteinte des objectifs du programme pour lequel ils sont présumés élus démocratiquement.
A l’occasion de cette nouvelle transition militaire, il faut définitivement statuer sur cette question de première dame dans l’arène de la gouvernance, au regard de cette propension des épouses des présidents à s’inviter dans la gestion des affaires sociales de l’Etat par le truchement des fondations qu’elles ont vite fait de créer et qui disparaissent aussitôt le départ du mari du pouvoir.
Ces fondations, qui ne résistent pas au temps, captent des ressources importantes dont la gestion ne fait l’objet d’aucun contrôle par les services compétents de l’Etat. En dépit du fait que lesdites ressources proviennent en grande partie des caisses de l’Etat et des partenaires techniques qui sont sollicités pour la réalisation des interventions desdites fondations, qui créent même des antennes dotées de personnel à l’intérieur du pays.
Plus choquant encore, des ministres de la République se mettent au service de ces premières dames qu’ils accompagnent à l’occasion de certaines cérémonies de remise de dons à de populations en situation de vulnérabilité ou dans un secteur particulier.
De la 3e République du président Mahamane Ousmane, en passant par la 4e et la 5e République, à la Renaissance Acte III du président déchu Bazoum Mohamed, pas moins de 8 fondations de premières dames ont vu le jour dans notre pays. Elles sont toutes tombées systématiquement dans l’oubli dès le départ du pouvoir de l’époux président parce que les sources de financement tarissent aussitôt.
Les plaques disparaissent devant les sièges au bout d’un moment, lesquels sièges sont souvent mis en location pour permettre aux anciennes premières dames de joindre les deux bouts. La transition militaire en cours doit arrêter ce mécanisme de détournement subtil des ressources publiques et d’enrichissement illicite en déterminant le statut d’une dame dont l’époux accède à la magistrature suprême.