Les photos, qui circulent ces jours-ci sur les réseaux sociaux, montrant les entailles sur des parties du corps d’un étudiant violemment agressé au couteau par un taximan et son acolyte, renseigne sur le degré de cruauté des bandes de brigands entretenant aujourd’hui l’insécurité dans la capitale.
Selon le court texte accompagnant les photos, l’étudiant a emprunté le taxi devant le campus à destination du quartier Terminus et c’est en cours de route qu’ils l’ont sauvagement entaillé à plusieurs endroits du corps pour prendre ses biens, avant de l’abandonner évanoui dans une ruelle dudit quartier. L’intention des brigands était sans conteste de lui ôter la vie ; fort heureusement l’étudiant a survécu à un risque d’hémorragie.
Assassiner au besoin, au cas notamment où la victime tente d’opposer une quelconque résistance, tel est le mode opératoire des membres des réseaux criminels qui sévissent de jour comme de nuit dans les quartiers excentrés et même en centre-ville parfois, lorsque les conditions sont propices. L’ampleur du phénomène à Niamey est d’autant inquiétante ces dernières années que les réseaux criminels poussent comme des champignons sauvages et se spécialisent dans des domaines précis. Certains mènent leurs interventions à moto et ciblent généralement des piétons où des motocyclistes isolés comme proie.
Tandis que les piétons sont exposés aux vols à l’arrachée, les motocyclistes, eux, sont pourchassés et coincés avec brutalité le plus souvent, avant d’être dépouillés de leurs biens sous la menace d’armes blanches ou de pistolets.
Certains réseaux criminels sont spécialisés dans les vols par effraction à domicile ou de voitures, d’autres dans les braquages de commerces et agences de transfert d’argent, d’autres encore dans les trafics en tous genres (drogue, fausse monnaie, etc.) ou d’appareils électroniques (postes téléviseurs, ordinateurs, téléphones cellulaires, etc.). Tous utilisent des véhicules ou/et des motos pour commettre leurs forfaits.
Entre janvier et mars 2024, nous avions lu sur les réseaux sociaux près d’une dizaine d’alertes de vols de véhicules à Niamey postées par les victimes dans l’espoir que quelqu’un les aidera à retrouver leurs biens à partir des signalements fournis. Un recensement qui est loin de refléter la réalité des plaintes de vols enregistrés quotidiennement au niveau des services compétents de la police.
Lesquels services procèdent pourtant régulièrement au démantèlent des réseaux de malfrats à Niamey suite à des investigations, sans pour autant parvenir à bout du phénomène.
‘’La persistance du fléau est surtout favorisée par le déficit criard de collaboration des populations avec nos services pour dénoncer des comportements ou des changements suspects chez des personnes dans leur environnement immédiat, de crainte d’être indexées’’, justifie une source policière.
‘’Vous connaissez, par exemple, une personne dans votre voisinage qui n’a aucune source de revenus connue, mais qui paradoxalement fait des dépenses ostentatoires et ne manque jamais d’argent, cela va vous intriguer et ça s’arrête là. Où trouve-t-elle autant l’argent alors qu’elle ne travaille pas et ne joue pas à la loterie ? Une enquête policière sur la base du signalement de l’individu pourra permettre de savoir si la personne n’est pas membre d’un réseau mafieux’’, explique la source.
Dans nombre des cas de braquages opérés par les réseaux à Niamey, il y a toujours un travail préalable de repérage et de surveillance du domicile, du commerce ou du véhicule, qui est effectué en amont par les brigands, comme l’explique la police lors de la présentation des bandes démantelées. Il faut qu’ils s’assurent de pouvoir mener l’opération en minimisant les risques d’être appréhendés.
Devant cette triste réalité, les populations doivent tout simplement faire preuve d’une vigilance accrue, tout en renforçant les mesures de sécurité au niveau de leurs domiciles et leurs commerces. Ceci est également valable concernant les vols par agression physique dans la rue ou dans les taxis. Eviter d’emprunter les rues peu animées de jour comme de nuit et prendre le numéro de la portière du véhicule font partie des précautions d’usage à observer ; mais il ne coûte rien aussi d’apprécier furtivement la tronche des occupants du véhicule avant de s’y engouffrer ! Au demeurant, à quoi servirait finalement le numéro de portière si l’agression physique entraine le décès de la victime ?