Le déplacement massif auquel ont été contraints les habitants de la rive droite de la commune rurale d’Ouro-Gueladio durant la première décade de ce mois de juillet 2023 n’est que l’aboutissement d’un long processus d’exactions multiformes exercées par les groupes Jihadistes sur la localité, selon Harouna Hama Ali, maire de la commune rurale d’Ouro-Gueladio.
‘’C’est seulement après les événements douloureux survenus dans la nuit du 4 au 5 juillet qui se sont soldés par l’assassinat des deux personnes [Ndlr : l’un dans le village d’Ourogou et l’autre dans celui de Windébohal] que les Jihadistes ont sommé les populations de quitter les villages dans un délai de 72 heures ’’, raconte le maire Ali, qui vit à Niamey depuis un certain temps pour échapper aux bandits.
Commune rurale du département de Say, Ouro-Gueladio, couvre une superficie de 758km² et compte 39.507 habitants répartis dans 23 villages administratifs et 42 hameaux.
De par sa position géographique telle que présentée par le maire – limitée à l’Est par la commune urbaine de Say et la commune rurale de Tamou, à l’Ouest par les deux communes du département de Torodi à savoir Makalondi et Torodi, au Nord par les communes du département de Kollo [Youri et Bitinkoji] et au Sud par la frontière du Burkina Faso – la commune rurale d’Ouro-Gueladio a fréquemment été prise pour cible par les groupes Jihadistes qui font des incursions épisodiques dans les villages ces dernières années.
Extorsions du bétail, dynamitage des infrastructures, enlèvements…
‘’Avant cette attaque meurtrière nocturne du 4 juillet dernier assortie de l’ultimatum qu’ils ont lancé aux habitants, la localité a fréquemment reçu la visite des bandes terroristes qui opèrent dans toute la zone. Ils viennent souvent pour faire des séances de prêche et extorquer les biens des populations dont tout le bétail est aujourd’hui emporté’’, indique Ali.
C’est durant cette période d’ailleurs qu’ils ont dynamité un jour les locaux de la mairie et ceux de la radio communautaire, acte barbare à la suite duquel un détachement militaire a été positionné au niveau du chef-lieu de la commune d’Ouro-Gueladio, pour assurer la sécurité de la population, d’après lui.
Outre la destruction des deux infrastructures de la commune, l’autorité communale souligne aussi l’enlèvement de trois agents de la mairie dont deux sont toujours en détention s’ils n’ont pas été tués. ‘’Les trois agents ont été enlevés depuis le 11 septembre 2022, mais il y a un qui a été libéré il n’y a pas longtemps. Les deux autres sont toujours portés disparus, sans aucune nouvelle d’eux’’, déplore-t-il.
Points de chute divers, fortunes diverses
Le nombre total de la population ayant fui les villages de la rive droite de la commune rurale tombés momentanément sous la coupe des groupes Jihadistes est estimé officiellement à 10.800 personnes. Une bonne partie des déplacés a directement convergé sur le chef-lieu de la commune où est implantée la position militaire.
Certains ont continué leur route sur Torodi, d’autres ont pris la direction de Say et une trentaine de ménages sont arrivés à Niamey pour s’installer à Nordiré et un peu en amont de Losso-Goungou, deux villages périphériques de la capitale.
Une visite du terrain nous a permis de constater que les ménages déplacés qui se sont installés à Nordiré sont abrités par des familles et dans des parcelles clôturées du quartier, en attendant que les autorités municipales leur trouvent un site d’hébergement.
En milieu de semaine dernière, le jeudi 13 juillet précisément, le ministre de l’Intérieur et son homologue de l’Action humanitaire ont fait le déplacement de Torodi et du chef-lieu de la commune rurale pour soutenir moralement les familles déplacées et procéder au lancement de la distribution des 85 tonnes de vivres mobilisés par le gouvernement pour soulager leur souffrance.
Occasion pour le ministre Hamadou Adamou Souley de les rassurer que le gouvernement est ‘’en train de créer les conditions pour sécuriser toutes les localités de notre pays’’. ‘’Cette zone sera totalement sécurisée. Et cela va permettre un retour normal des populations dans leurs villages’’, a-t-il promis, formilant le voeu que leur séjour dans les nouvelles localités d’accueil ne dépasse pas trois jours.
Selon le maire Ali, rapportant les propos du ministre de l’Intérieur, ‘’des opérations militaires de ratissage sont d’ores et déjà engagées dans la bande-sud d’Ouro-Gueladio vidée de sa population’’.
Il faut bouter rapidement les bandes terroristes de la zone pour permettre aux familles déplacées de retourner dans leurs villages et poursuivre leurs activités champêtres afin de ne pas perdre la campagne agricole en cours. C’est en tout cas le souhait ardent du maire Harouna Hama Ali, qui dit espérer une sécurisation durable des populations une fois retournées chez elles’’