Ces derniers temps, des voix s’élèvent au sein de l’opinion nationale pour s’inquiéter de la pression exercée par de nombreux concitoyens sur le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le gouvernement de transition afin qu’ils engagent rapidement la lutte contre la délinquance financière et fiscale annoncée par la junte militaire. Il s’agit d’une exigence très forte des Nigériens qui justifie d’ailleurs leur soutien spontané et massif à la junte militaire au jour d’aujourd’hui.
Pour avoir assisté impuissants durant ces 13 dernières années, à une prédation sans commune mesure des deniers et des ressources publiques à visage découvert, à travers la promotion de la culture de la corruption et de l’impunité dans les hautes sphères de l’Etat, le renversement du régime Tarayya par l’armée a été accueilli avec un grand ouf de soulagement par les Nigériens assoiffés de justice sociale.
Ils souhaitent voir les nouvelles autorités de la transition engager au plus vite des poursuites judiciaires à l’encontre de tous les dignitaires et assimilés du régime déchu impliqués dans des crimes économiques et autres formes de malversations qui ont gravement nui aux efforts de développement du pays et restaurer l’Etat dans ses droits.
Trois mois après le coup d’Etat, le constat est que la junte militaire et le gouvernement peinent à engager cette action salutaire d’assainissement de la vie publique qui permettra au Niger de renouer avec la démocratie sur des bases saines. C’est précisément du fait de cette situation inquiétante que les Nigériens mettent la pression sur les autorités de la transition.
De là à les accuser de mettre la pression sur la junte militaire afin qu’elle déclenche une chasse aux sorcières, comme le pensent certains concitoyens qui se reprochent certainement des choses, il s’agit assurément d’un faux procès.
Absolument personne n’exige de la junte une chasse aux sorcières, le souhait légitime des Nigériens, c’est de voir le CNSP donner déjà des signaux pouvant permettre d’attester de sa bonne foi à restaurer l’Etat dans ses droits, comme l’a promis le général Tiani.
‘’Nous avons mis en place la Coldeff qui aura pour mission de remettre l’Etat dans ses droits. Ceux qui se sont illégalement appropriés des biens publics et dont la justice va l’établir comme tel vont les restituer’’, avait déclaré le président du CNSP à l’occasion d’un discours à la nation. Mais bientôt deux mois après la publication du décret portant création de la structure, celle-ci reste toujours un acte sur papier.
Soit ! En attendant, certains dossiers portant sur des affaires de malversations ficelés sous le régime déchu par les inspections d’Etat et la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) peuvent au moins être dépoussiérés pour connaître une suite judiciaire, à partir du moment où il n’y a plus d’obstacle pouvant entraver cela.
Etrangement, rien n’est fait dans ce sens, comme si c’est à la Coldeff qu’il reviendra de traiter à nouveau ces dossiers d’investigations hérités du régime déchu.
Sur la pression présumée exercée sur la junte militaire, dans un communiqué non daté et non signé de ‘’la Dynamique Citoyenne pour une transition réussie’’, cette nouvelle structure créée par des acteurs tout-venants, suppôts du régime de la Renaissance déchu, a accusé ‘’certaines personnes’’ de continuer à défier impunément le général Tiani, en lui édictant ‘’des mots d’ordre à travers les réseaux sociaux en audio et en écrit pour saper la ferme volonté (…) de voir le Niger réussir sa transition en paix’’. Le communiqué interpelle même le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice sur le devoir qui leur incombe de prendre les mesures idoines pour mettre fin à ces interpellations citoyennes
S’agit-il d’un appel de pied à la junte militaire pour une renonciation aux poursuites contre les auteurs et complices du ‘’Wassosso’’ effronté auquel se sont adonnés en toute impunité les Tarayyistes pendant 13 ans au nom de la réconciliation et de la préservation de l’unité nationale ? Si tel est le cas, c’est peine perdue ! La pression continuera d’être mise sur la junte pour la satisfaction de l’exigence fondamentale du peuple, à savoir la justice sociale.