Depuis le coup d’État orchestré par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) le 26 juillet 2023, le Niger semble revivre un scénario désormais familier. La junte militaire, dirigée par le général Abdourahamane Tiani, maintient fermement les rênes du pouvoir, en dépit des multiples tentatives de médiation entreprises par des représentants diplomatiques, tant occidentaux qu’ouest-africains. Ces derniers, missionnés à Niamey, ont vu leurs efforts se heurter systématiquement à un refus catégorique de la part du CNSP, que ce soit concernant un retour à l’ordre constitutionnel ou le maintien de partenariats stratégiques.
Un bras de fer diplomatique sans précédent
Ce bras de fer diplomatique a atteint son paroxysme en mars 2024, lorsque le Niger a exigé le retrait immédiat des troupes américaines de son sol. Cette décision est survenue à peine deux jours après une visite peu fructueuse d’une importante délégation américaine à Niamey. La secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, accompagnée de CelesteWallander, la secrétaire d’Etat adjointe à la défense, et du général Michael Langley, le patron du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), n’ont pas pu obtenir d’audience avec le général Tiani, malgré un prolongement de vingt-quatre heures de leur séjour,. Ces événements marquent un tournant significatif, témoignant de la fermeture des portes par le Niger à toute coopération militaire avec les États-Unis, interrompue depuis le coup d’État.
L’Union Européenne : un partenaire marginalisé
Dans le même temps, l’Union européenne se retrouve dans une position de plus en plus délicate au Niger. La mission civile Eucap Sahel Niger, destinée à la coopération avec la police aux frontières, a été sommée de quitter le pays en décembre 2023, soulignant l’aspiration à une autonomie renforcée et une défiance vis-à-vis des influences occidentales.
Le CNSP, inflexible face à la pression internationale
Huit mois après l’accession au pouvoir de la junte, la transition politique au Niger demeure incertaine, sans aucune date de fin annoncée. Le président déchu, Mohamed Bazoum, reste prisonnier, malgré les multiples appels de la communauté internationale en faveur de sa libération. Cet état de fait souligne que le CNSP reste maître du jeu, et qu’il a clairement démontré son intention de n’obéir aux injonctions de personne, de necéder devant aucune pression extérieure, qu’elle émane des États-Unis, de la France ou même de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Le CNSP emboîte de ce fait le pas aux militaires du Burkina Faso et du Mali, avec qui ils ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette collaboration régionale témoigne de cette volonté de faire front commun contre les influences extérieures. La junte militaire s’affirme ainsi comme le véritable maître du jeu au Niger, prête à redéfinir les relations de notre pays avec le monde extérieur selon ses propres conditions.