Le moment difficile n’est pas l’heure de la lutte, c’est celle du succès. Alors qu’une élection sert en principe, à choisir, à trancher, à clarifier l’avenir, il règne aujourd’hui comme un sentiment de flottement à l’horizon. Bazoum Mohamed a été élu à la magistrature suprême de notre pays il y a plus de deux ans, mais qu’a-t-il concrètement réalisé à ce jour ? Peut-il être celui qui remettra le pays sur les rails ?
Conscient des colères qui couvent dans le pays, le chef de l’Etat peut-il continuer à faire semblant au risque d’accentuer les ressentiments et les récriminations d’une majorité de la population en proie à un quotidien difficile ? Son assurance naturelle cache-t-elle de profondes incertitudes sur le sens qu’il doit donner à son quinquennat ? Bazoum a-t-il vraiment les compétences nécessaires pour gérer ce pays ? Que n’avait-il pas promis pendant la campagne électorale ? Pas grand-chose, sinon ce slogan peu enthousiasmant et répété à l’envi par ses supporteurs : « Saï Bazoum ! »
Dans un pays confronté à de multiples problèmes tous urgents les uns les autres – insécurité, famine, vie chère, effondrement de l’école, délabrement des services publics, système de santé en ruine, chômage etc – il ne peut plus faire semblant d’agir. Le Niger qui dit ‘’NON’’ est ¬devenu aujourd’hui majoritaire, quelle que soit la manière dont on interprète le clivage socio-politique. Non aux responsables politiques inefficaces qui s’exonèrent des règles collectives pour s’enrichir en toute impunité, qui ont une vision très particulière de l’intérêt général.
S’il veut s’élever à la hauteur de sa fonction, édifier sa statue pour l’histoire, Bazoum n’a pas d’autre choix que de tout entreprendre pour réussir. Être président de la République, cela oblige. A moins qu’il ne soit condamné à décevoir.
En attendant, le pays est fatigué et les gens sont en phase éruptive. Bazoum n’est pas au bout de ses peines. Et les défis qu’il doit relever sont autrement plus difficiles.