Des mots pour leurrer
« (…) La compilation des résultats des PV en notre possession à travers nos délégués dans les différents bureaux de vote, nous donne gagnant avec 50, 30% des voix contre 49,70% pour le candidat du pouvoir », c’est avec cette phrase, qu’il a prononcée depuis son fief de Zinder au lendemain de la proclamation des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle, que Mahamane Ousmane a bercé d’illusions les militants de l’opposition politique qui ont massivement voté pour lui. Dans son entreprise de mystification à grande échelle, l’ex chef de l’État a même tenté de chauffer à blanc ses soutiens : « Nous demandons au peuple nigérien souverain, sans délai, de se mobiliser, comme un seul homme, dans la fraternité et la cohésion nationale, pour défendre sa souveraineté à travers une marche démocratique et pacifique sur l’ensemble du territoire national. Et faire échec, par tous les moyens de droit, à cette tentative d’usurpation du pouvoir », a-t-il lancé au lendemain de l’annonce du sacre de Bazoum Mohamed par la Cour constitutionnelle. La ‘’tragi-comédie’’ aura duré plus d’une année. Ce 31 mai 2022, la Cour de justice de la CEDEAO y a mis fin. Mahamane Ousmane est débouté. Les griefs qu’il a portés contre l’État du Niger ne tiennent pas la route, ont estimé les juges d’Abuja.
Un geste de mépris
Les près de 2 millions de citoyens qui ont accordé leurs suffrages à Mahamane Ousmane se sentent aujourd’hui floués sur toute la ligne. Sachant pertinemment que la Cour de justice de la CEDEAO n’est pas compétente pour statuer sur les décisions rendues par les juridictions des États membres, le leader du RDR-Tchanji a pourtant fait croire aux militants lambda que les juges d’Abuja peuvent bel et bien remettre en cause l’élection de Bazoum Mohamed. Pour rappel, la principale compétence de la Cour de la CEDEAO est de connaître des cas de violation des droits de l’Homme dans tout État membre. C’est dire que dans les meilleurs des cas, Mahamane Ousmane ne peut prétendre qu’à un versement de dommages-intérêts de la part de l’État du Niger. Pour les militants de l’opposition, cela ne fait aucun doute, le combat judiciaire de l’ancien président de la République a tourné autour d’un hypothétique dédommagement, rien d’autre. D’où ces salves de critiques dirigées contre Mahamane Ousmane. À la déception générale s’ajoute le fait que les militants de l’opposition ont le sentiment d’être méprisés par l’homme à qui ils ont apporté leurs voix. Ni l’ancien président de la République, ni son avocat, n’ont daigné s’exprimer après le verdict. Une morgue que les militants ne sont pas près d’oublier.
Le navire a pris l’eau
Hama Amadou a toutes les raisons de prolonger son exil. Le peu d’entrain dont a fait montre Mahamane Ousmane avant, pendant et après les deux tours de l’élection présidentielle pèse lourdement sur l’avenir politique du leader du Moden FA Lumana. Hama Amadou a placé la victoire à portée de main de l’ex chef de l’État. Ce dernier, par son manque de vision et de détermination, a fait couler le navire de l’opposition nigérienne. Plus que jamais, Hama Amadou politiquement isolé (synonyme d’une mort politique), voit ses derniers espoirs s’envoler. L’on comprend pourquoi les militants de Lumana se montrent singulièrement acerbes envers Mahamane Ousmane. Le patron du RDR-Tchanji peut-il redorer son blason ? Et en quoi faisant ?
En attendant, les militants du pouvoir se délectent de la déroute de l’opposition avec la fin d’un vrai-faux suspens.