Le gouvernement nommé le 10 août par la junte au pouvoir est restreint, vingt-un (21) membres. Mais ces derniers sont-ils choisis sur la base de critères tels que la compétence et la rigueur dans le travail ? Ce qui est sûr, ils sont tous proches des militaires au pouvoir. Si ces critères n’ont pas été observés, le CNSP et le Premier ministre devraient se rattraper en exigeant des Ministres des nominations aux emplois supérieurs sur la base de critères objectifs. Pas des nominations sur la base des relations personnelles comme c’était le cas sous l’ancien régime. (A titre d’exemple, au Ministère des Finances, des directeurs généraux sont apparentés ou amis qui à l’ancien président Mohamed Bazoum, qui à l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, qui à l’ancien Ministre Ahmat Jidoud). Les urgences du moment et les fortes attentes des Nigériens (justice, assainissement économique et financier, etc.) l’exigent. Le nouveau pouvoir a besoin donc d’une administration efficace, souple et efficiente, ce qui est une condition préalable à la bonne gestion du pays. C’est aussi un outil central pour structurer le travail des pouvoirs publics et traduire les orientations politiques en mesures concrètes. L’éthique dans la vie publique doit être une affaire de comportements et de valeurs au sein de l’administration.
Avec les sanctions économiques et financières sévères imposées au Niger par la CEDEAO et l’UEMOA, le Ministère de l’Economie et des Finances sera en première ligne pour apporter des réponses concrètes à même d’atténuer ces sanctions, donc les souffrances des Nigériens. Même si le Premier ministre s’est personnellement adjugé ce portefeuille ministériel stratégique par ces temps de crise, cela ne saurait suffire. Le Ministre délégué chargé des Finances doit faire appel à toutes les compétences de son département ministériel indépendamment de toute considération politique. Les régies financières en particulier (Direction Générale des Douanes et Direction Générale des Impôts) doivent être dirigées et animées par des cadres pouvant faire preuve de leadership et de vision dans leurs fonctions, pour faire tourner la machine par ces temps de sécheresse financière. Les Finances publiques ne pourraient pas se porter bien tant que des agents qui n’ont aucune formation en comptabilité publique, en finances publiques, aux techniques de recettes et de dépenses, aux techniques financières et comptables, qui n’ont aucune maîtrise de l’organisation et de la législation financière et comptable (des choses qui ne s’apprennent qu’à l’ENA) seront sont parachutés à des postes stratégiques et/ou opérationnels. La réussite est à ce prix.