Les militants du Syndicat Unique des Agents de la Santé et de l’Action Sociale (Susas) ont observé leur première journée d’arrêt de travail avec service minimum ce mardi 13 septembre sur l’ensemble du territoire national. Programmé pour 48 heures, la grève qui se poursuit ce mercredi encore est massivement suivi par les militants du syndicat à Niamey comme à l’intérieur du pays, selon Moudaha Awaché, secrétaire général adjoint du Susas. ‘’Ici à Niamey, nous-mêmes, nous avons organisé un sit-in. Nous avons sillonné toutes les structures de la capitale pour apprécier le degré de mobilisation des militants. Nous avons constaté que le mot d’ordre a été suivi correctement ce premier jour’’, a déclaré Awaché, lequel mouvement est appelé à se poursuivre ce mercredi 14 septembre 2022. Comme à leur habitude, les autorités en charge de la santé et de l’action sociale ont attendu la veille de l’entrée en vigueur du mot d’ordre de grève pour appeler le syndicat autour d’une table de négociations. La stratégie habituelle du pouvoir n’a pas fonctionné cette fois-ci parce que les responsables du Susas n’ont pas succombé aux propositions qui leur ont été faites par la partie gouvernementale. ‘’Hier (Ndlr : lundi 12 septembre 2022), ils nous ont appelés pour chercher à désamorcer la bombe, pour nous amener à surseoir à la grève. Mais les propositions qu’ils nous faites ne nous arrangent pas et nous ne les avons pas acceptées. Devant l’échec des négociations, le ministère de la Santé publique s’est empressé d’adresser une correspondance à tous les responsables des structures sanitaires et sociales du pays afin qu’ils prennent les dispositions visant à garantir l’effectivité du service minimum mentionné dans le préavis, en procédant notamment à des réquisitions. ‘’Nous avions effectué un tour dans quelques formations sanitaires de Niamey pour constater de visu le degré de suivi du mot d’ordre. Les centres ont fonctionné mais avec un personnel soignant réduit’’. ‘’Depuis ce matin, je n’ai pas eu un seul instant de répit en raison du nombre de patients qui doivent être pris en charge. Surtout durant cette période d’hivernage où le palu connaît une flambée exceptionnelle dans notre pays’’, a déclaré une infirmière qui a bien voulu nous répondre sous le couvert de l’anonymat. ‘’Nous intervenons normalement à trois dans cette salle de soins ; aujourd’hui, je suis seule à gérer tous les patients à cause de la grève. C’est intenable’’, a-t-elle ajouté.
Vers une radicalisation du mouvement ?
Cela fait de longs mois, depuis pratiquement janvier 2021, qu’un préavis de grève n’a pas prospéré dans le secteur de la santé. Depuis pratiquement le bras-de -fer engagé par le Syndicat des médecins pharmaciens et dentistes (SYMPHAMED) avec le gouvernement pour obtenir la mise en solde des 300 médecins engagés en 2020 à la Fonction Publique. Chaque fois que les syndicats du secteur menacent d’aller en grève pour des revendications corporatistes, les autorités de tutelle s’arrangent pour négocier de protocoles pour les endormir. Le cas récent, c’est celui des agents de l’hôpital de Niamey qui ont vainement tenté des actions pour mettre fin à des brimades dont ils étaient victimes comme notamment les fouilles corporelles et leur non consultation dans les prises de décisions. Le Susas entend apparemment ne pas tomber dans le même piège, en disant non aux propositions du gouvernement. Qu’est-ce que ce syndicat revendique au juste ? Nous avons énuméré les doléances dans une de nos livraisons de la semaine dernière ; lesquelles exigences portent, sur entre points, l’amélioration du traitement salarial et des conditions de travail des agents de la santé mais surtout le règlement des arriérés de frais de scolarité et de bourses des étudiants inscrits localement et à l’extérieur pour des formations dans le domaine de la santé. ‘’Concernant les doléances, il y a les frais liés aux formations, il y a les bourses. Vous avez des étudiants au niveau national comme à l’extérieur, notamment des camarades qui sont dans des universités et des instituts supérieurs. Ces camarades sont en train d’être chassés pour non-paiement des frais de scolarité. En dehors des frais de scolarité, il y a aussi les bourses qui ne sont pas versées, les camarades ne sont pas mis dans leur droit’’, a martelé Awaché. ‘’ Imaginez une année de 12 mois où il n’y a eu que deux mois de bourse ! Quelqu’un qu’on envoie chercher le savoir et qu’on laisse en pâture, sans chercher à savoir dans quelles conditions il évolue, ce n’est pas admissible’’, a-t-il ajouté. La grève de 48 heures du Susas prend fin ce mercredi. Demain jeudi, les militants reprendront le chemin du travail. Mais la manche risque de se poursuivre et se durcir si d’aventure une entente n’est pas trouvée entre les deux parties. ‘’C’est aujourd’hui la fin du premier round, nous allons nous réunir pour dresser le bilan. Nous avons mis des piquets, nous allons faire le tour dans toutes les structures pour constater le suivi du mouvement et revenir restituer ce que nous avons vu sur le terrain. La même opération sera faite à l’intérieur du pays. C’est après cela qu’on prendra les nouvelles décisions’’, a promis Awaché.