Les pèlerinages à La Mecque se suivent et se ressemblent au Niger. Malgré la création d’un Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO), en février 2013, des dysfonctionnements persistent toujours à chaque édition : difficultés liées à l’inscription et à l’enregistrement des candidats au hadj, problèmes de transport, d’hébergement et de restauration en Arabie Saoudite, etc.
Pour tenter de trouver des solutions durables à ces problèmes, et à bien d’autres encore, le gouvernement avait organisé en janvier dernier un forum national sur le hadj et la oumra. Deux jours durant, les participants, tous des acteurs concernés par la question, ont planché sur les voies et moyens de parvenir à une organisation efficace et réussie de ces rites religieux. Outre le thème principal du forum qui est « Organisation du Hadj et de la Oumra », deux sous-thèmes ont aussi été discutés. Il s’agit de « la digitalisation de l’organisation du Hadj et de la Oumra » et « diagnostic et perspectives de l’organisation du Hadj et de la Oumra au Niger ». Les recommandations issues de ce forum ont fait l’objet d’une loi : le décret n° 2023 – 187/PRN/PM du 23 février 2023.
Des nouvelles règles d’organisation
Le décret n° 2023 – 187/PRN/PM du 23 février 2023 modifie et complète le décret n° 2013 – 196/PRN/PM du 31 mai 2013 fixant les conditions d’organisation du Hadj et de la Oumra aux lieux saints de l’Islam. Et ce sont les articles 4, 5, 6, 8, 29, 33 et 36 qui sont concernés par cette modification. L’article 4 (nouveau) dit : « Ne peuvent participer à l’organisation des pèlerinages au Royaume d’Arabie Saoudite que les agences agréées par le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra et dont les promoteurs jouissent d’une bonne moralité dûment attestée par une enquête commanditée par le COHO. Le convoyage des pèlerins en terre sainte est organisé par groupes d’agences. Pour accéder au statut de groupe d’agences de convoyage, les agences de pèlerinage regroupées doivent totaliser un nombre de pèlerins inscrits égal ou supérieur à mille (1000). Nul groupe d’agences n’est admis à convoyer des pèlerins s’il ne justifie du versement préalable d’un montant de deux cents millions (200.000.000) de francs CFA, garantissant les intérêts des pèlerins. A défaut du versement de ce montant, le groupe d’agences peut présenter une caution bancaire à première demande d’un montant équivalent. Les modalités d’application du présent article seront précisées par décision du Commissaire à l’Organisation du Hadj et de la Oumra. » Quant à l’article 5 (nouveau), il énumère les pièces constitutives du dossier de demande d’agrément du promoteur d’agence de pèlerinage. Il y figure désormais une quittance de paiement des frais d’agrément. L’article 6 (nouveau) dit que « l’agrément est accordé aux promoteurs d’agences de pèlerinage pour une durée de trois (3) ans moyennant payement d’un montant de cinq millions (5 000 000) de francs CFA ». L’article 9 (nouveau) dit que les groupes d’agences sont obligatoirement tenus d’héberger ensemble les pèlerins dont ils ont la charge dans des locaux déclarés conformes et approuvés par le COHO. Par ailleurs, ces locaux doivent être situés le plus près possible de la Mosquée du Prophète à Médine et de la Kaaba à La Mecque. L’article 33 (nouveau) est ainsi libellé : « Les groupes d’agences doivent recruter des encadreurs et des guides pour chaque groupe de pèlerins dont le nombre est fixé par arrêté du Commissaire à l’Organisation du Hadj et de la Oumra. Les encadreurs et les guides doivent assister les compagnies de transport aux embarquements et aux débarquements des pèlerins aux différentes étapes du pèlerinage. La liste des encadreurs et des guides de chaque groupe d’agences, accompagnée d’une fiche signalétique de chacun d’eux, est transmise pour validation au COHO un mois après la clôture des inscriptions. Les groupes d’agences sont tenus de prendre en charge tous les frais relatifs à l’encadrement de leurs pèlerins ». L’article 36 (nouveau) dit : « Sans préjudice des poursuites judiciaires, tout manquement aux dispositions du présent décret expose les auteurs aux sanctions ci-après : pour les groupes d’agences de pèlerinage, l’avertissement, le blâme, la suspension de l’agence pour une durée de 2 ans, le retrait d’agrément. Ces sanctions sont prononcées par le Comité de pilotage sur proposition du Commissaire à l’Organisation du Hadj et de la Oumra. Pour les compagnies aériennes, les manquements constatés sont sanctionnés conformément au code de l’aviation civile ».
Il faut noter que l’article 37 de l’ancien décret n° 2013 – 196/PRN/PM du 31 mai 2013 fixant les conditions d’organisation du Hadj et de la Oumra aux lieux saints de l’Islam est abrogé. Les nouvelles conditions, durcies pour mieux protéger les intérêts des pèlerins, sont très mal vues par certaines agences de pèlerinage. Celles-ci ont attaqué le nouveau décret devant le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction en matière administrative. Une chose est sûre, si les nouvelles conditions d’organisation du Hadj et de la Oumra sont effectivement mises en œuvre, elles permettront assurément de voir de l’éclaircie dans le ciel sombre de ce secteur.
Du Hadj 2023
Pour l’édition du Hadj 2023, le Niger a bénéficié d’un quota de 15 891 pèlerins, sans restriction d’âge, soit le double de celui de l’année dernière. Initialement arrêté à un montant de 3 603 840 francs CFA, le prix de cette édition a été ramené par le Gouvernement à un montant de 3 258 733 francs, soit une réduction de 345 107 francs. Cette baisse s’explique par la réduction par le Royaume d’Arabie Saoudite du coût de certaines prestations telle que l’assurance-pèlerin. Relativement à l’organisation de ce Hadj 2023, au Niger, les inscriptions électroniques des pèlerins ont commencé le 14 mars dernier. Nous osons espérer que le COHO a pris toutes les dispositions nécessaires pour éviter tout désagrément dans l’organisation de la présente édition.
M.H