Voilà deux semaines aujourd’hui que Hama Amadou, ancien président de l’AssembléeNationale du Niger, est à Niamey (venant de Cotonou, où il a élu domicile depuis les évènements du 26 juillet 2023).
Peu de nos compatriotes sont au parfum.Pourtant, un responsable politique de cette envergure, qui a connu un exil pathétique àl’étranger (Paris), plusieurs années non consécutives, avec tant de ressentiment niché dans son cœur, ne peut pas revenir dans son pays en catimini et repartir sur le même mode. Vous nous diriez que la situation d’interdiction des activités des partis politiques ne se prêtepas du tout à des déclarations fracassantes,dans un sens ou dans l’autre, suivant les injonctions du CNSP. Certes, l’arrivée d’une personnalité aussi marquante que celle de l’enfant de Youri, même pour quelques jours seulement, dans son environnement de prédilection ne peut laisser personne de marbre et, fatalement, répandra quelques impacts dans certaines sphères.
Parcours en dents de scie
Il y a ceux qui ont leur plan de carrière tout tracé, en ligne droite, sans la moindre déviation. La trajectoire suit une parfaite courbe ascendante, pour décliner, en douceur, une fois l’apogée atteinte. Il y a d’autres,comme Diomaye Faye ou Ousmane Sonko, qui, de but en blanc, vont de la prison au fauteuil du président ou du premier ministre. Il y a le parcours sinueux de ceux qui, comme Hama Amadou, ne savent jamais quand la providence viendra frapper à leur porte après que l’ange du mal ait fait son office. Comme l’homme dont il est question ici est du genre taiseux, c’est vraiment la croix et la bannièred’espérer lui arracher des confidences édifiantes sur ses intentions politiques à terme.
Tout ou rien
Ceux qui s’estiment disciples du spartiate Seyni Kounthé ont toujours eu pour mantra qu’il leur faudra, à un moment ou un autre de leurs destinées, accomplir le saut de l’ange, c’est-à-dire s’attendre au meilleur ou au pire. Une posture du tout ou rien. Comme, nous semble-t-il, ce qui se trame en ce moment. Jouer pleinement le jeu de Tiani et de ses frères d’armes, ou endosser le costume de la résilience à l’arbitraire, à la perpétuation de la mise entre parenthèses des principes et lois démocratiques. A-t-il fait un choix, ou attend -t-il que des faits précis puissent éclairer son choix ? Sait-t-il seulement qu’il incarne pour bon nombre de nos compatriotes une composante indispensable pour le nouvel ordre qui se dessine sous l’égide du CNSP et des effets d’entrainement dus à la dynamique de la future fédération des Etats du Sahel. Il ne peut fuir son destin. Dût-il en accepter les aspérités et les embuches. S’il ne se met pas à la hauteur où ses partisans l’attendent, il aura tout simplement capitulé. Et pour la première fois, l’aigle baissera la tête. Ce qui correspondrait, purement et simplement, à un suicide politique. Disons-le, sans ambages, personne n’a le pouvoir de lui dicterpéremptoirement une direction à suivre. Lui seul possède tous les éléments pour opter pour telle ou telle voie. Par contre, et de bon droit, les gens piaffent d’impatience en ce qui le concerne lui, tout comme en ce qui concerneles options du CNSP, pour savoir à quelle sauce ils seront mangés, c’est-à-dire où l’on va ? Et donc, par ricochet, où compte-t-il aller, lui ? Dans le même sens ou à l’opposé de la démarche du CNSP ? Tout est là, sachant que son choix sera automatiquement validé par sa formation politique. Et l’on sait qu’une déclaration de soutien est tout naturellement bien accueillie par les nouveaux maitres deslieux. Il s’ensuit que le silence revêt une signification dense, on ne peut en conclure que le sujet subit la tentation de l’expectative, ou de l’opposition. Quelle est la vérité ? Voilà le problème avec un sphynx. Jamais, il ne laisse percer à jour ses secrets les mieux gardés.