Les soins s’éternisent
Bazoum Mohamed s’est fait un plaisir de donner son approbation pour le transfert de l’ancien Premier ministre vers un hôpital parisien : « On m’a présenté un bulletin médical indiquant que Hama Amadou était malade et que le meilleur cadre pour le soigner était celui que lui offrait son médecin parisien. J’ai aussitôt donné mon accord, sachant qu’à l’issue de son traitement il s’est engagé à se remettre à la disposition de la justice »,a déclaré le chef de l’État dans les colonnes de Jeune Afrique au mois d’octobre 2021. En dehors du pays depuis le 07 avril 2021, Hama Amadou ne donne plus signe de vie. Une attitude qui fait bien les affaires de Bazoum Mohamed : « Je constate, comme chacun, qu’il a adopté un comportement raisonnable et qu’il ne se livre pas à des déclarations politiques. Je n’ai aucun problème avec cela »,a-t-il dit. Plus Hama Amadou est loin de ses troupes, mieux c’est pour le régime en place. La preuve, seize (16) mois après son départ, le leader du Moden FA Lumana ne s’est toujours pas « remis à la disposition de la justice ».
Des lieutenants embourgeoisés
Il faut le dire, Hama Amadou est un homme profondément déçu par ses troupes qui sont restées impassibles (c’est bien le mot) face à ses tourments politico-judiciaires. Depuis sa fuite du pays (le 27 août 2014), l’ancien président de l’Assemblée nationale a vécu des moments très difficiles à supporter pour quelqu’un qui a connu les ors de la République depuis sous Seini Kountché. Malgré les coups en dessous de la ceinture venant d’Issoufou Mahamadou, le leader du Moden FA Lumana a brillement joué sa partition durant les dernières élections générales. On ne peut lui demander plus que ce qu’il a fait. Hama Amadou a rempli sa part du contrat au-delà de l’imaginable. Stoïque, le septuagénaire a mené un combat qui profite à présent à quelques-uns de ses hommes de main. Aujourd’hui, certains lieutenants de Hama Amadou sont riches comme Crésus. C’est le cas de cet élu de la Communauté Urbaine de Niamey qui pousse l’esprit bourgeois jusqu’à s’offrir un mini zoo dans sa résidence officielle (il y élève des crocodiles, des autruches et autres animaux exotiques). En plus de la farouche inimitié politique dont il est victime depuis des années, Hama Amadou subit aussi la déloyauté de certains de ses lieutenants. La pire perfidie qui soit.
La ‘’chute finale’’ ?
Hama Amadou plie mais ne rompt pas. Il l’a prouvé plus d’une fois. Seulement, il n’y peut rien contre le poids de l’âge et une santé déclinante. Les affres de l’exil forcé ont aussi émoussé sa combativité d’antan. Au vu de tous ces éléments, les observateurs se demandent : le leader du Moden FA va-t-il rendre les armes ? Va-t-il brandir le drapeau blanc ? Seul l’intéressé a les réponses à ces interrogations. Une chose est certaine, même si Hama Amadou venait à raccrocher les gants, il aura marqué la sphère politique de notre pays d’une empreinte indélébile. Sa place sera au panthéon de ceux qui ont fait l’histoire politique du Niger durant ces quatre dernières décennies. « Les grands hommes font leur propre piédestal, l’avenir se charge de la statue », a dit Victor Hugo. Dans le cas de Hama Amadou, qu’on l’aime ou pas, la postérité saura lui ériger une belle statue. C’est une certitude absolue.