C’est vraiment pathétique de voir le président de la Commission de la CEDEAO, le Sieur Oumarou Alio Touré ( Umar Alieu Tourray), hier seulement, fier comme Artaban, débitant d’une voix monocorde les sanctions iniques et abstruses contre le Niger, et aujourd’hui, d’une voix éteinte, au ‘’sommet’’ du 24 février 2024, tout penaud, toute honte bue, la queue entre les pattes, revenir sur ces mêmes sanctions sidérantes. A-t-il obtenu, un tant soit peu, gain de cause ? A-t-il eu satisfaction sur ses exigences vociférées, à tue-tête, aux quatre coins du monde ? Que nenni ! On parlerait plutôt d’un recul, ou plus exactement, d’une capitulation sans condition, en rase campagne. Et ce faisant, elle a signé, sans s’en rendre compte, son propre arrêt de mort. Chronique d’une agonie annoncée.
Levée humanitaire des sanctions
Le président de la Commission de l’organisation sous régionale a le front de déclarer que la décision de la levée de ces sanctions aberrantes et iniques procède d’un souci humanitaire. Sans rire, avec le sérieux d’un malade in articulomortis, il attend la reconnaissance infinie du peuple Nigérien, enfin délivré des affres du blocus économique et, dès lors, placé dans les meilleures dispositions pour accomplir sereinement son devoir durant le mois sacré de Ramadan. On lui baiserait presque les pieds, pour tant de sollicitude, d’altruisme et de charité musulmane à notre égard. Effectivement, si nous étions suffisamment crédules pour croire à une once de ses propos délirants.
S’étant auto-intoxiqué sur le pouvoir dominant de sa structure, greffé sur celui des maîtres occultes, il était à mille lieues de comprendre que son annonce était un non-événement pour les Nigériens, maintenant vaccinés contre les méchancetés gratuites de ses frères et voisins, les plus immédiats. De plus, il feint de croire que nous ne suivons pas les réactions outrées des peuples qui nous entourent et qui, tous, sans exception, se sont plaints de l’impact dévastateur de ces sanctions sur leurs propres activités. Un couteau à double tranchant, faisant le malheur du côté des justiciers, plus encore que du côté des contrevenants. Si élan humanitaire il y a, c’est d’abord envers leurs propres populations. Afin d’éviter une éventuelle insurrection populaire…
Boire la coupe jusqu’à la lie
Nos preux justiciers de la CEDEAO, tant qu’à faire, et sur leur lancée, ont levé les sanctions contre la Guinée et le Mali. Pour des raisons qui restent à éclaircir, le Burkina Faso n’avait pas subi la même punition. Et probablement, très probablement, rien ne sera érigé contre les velléités de Macky Sall, tripatouillant la constitution de son pays. Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ? Tout ce charivari, disent-ils, c’est dans l’espoir de ramener les égarés de l’AES, dans les rangs, et donc, dans le giron occidental, et éviter que d’autres n’empruntent des chemins hasardeux, comme la Guinée, le Gabon, et le Tchad. A propos de ce dernier, son exemplarité suscite quelques interrogations. Mahamat Idriss Deby Itno n’a que faire des avis intéressés de l’Hexagone ou de tout autre partenaire. Il trace sa voie, tel qu’il le conçoit. Le suivent ceux qui croient en lui. Tant pis pour les autres. Une telle posture a de quoi donner des sueurs froides à ces moralistes cupides et téléguidés de la CEDEAO. Et si une telle déviation devenait contagieuse ? La dynamique nous semble irréversible et concourt à une seule finalité : la mise en bière de l’organisation sous régionale.
Revoir les fondamentaux
Les sanctions, c’est une vérité de La Palice, n’ont jamais servi, dans aucun pays, à dissuader des prétoriens mus par des convictions fortes à renverser un ordre établi, quel qu’il soit. L’apophtegme est maintenant ancré dans toutes les têtes. Pas plus quelles ne peuvent faire revenir dans les rangs ceux qui ont décidé de s’émanciper quoi qu’il advienne. Par ailleurs, la démocratie, prêt-à-porter que l’on veut nous inculquer, contre vents et marées, et qui, de toute évidence, n’arrange que les donneurs de leçons, est, en fin de compte, perçue comme un pis-aller, et non comme la panacée à tous les défis qui assaillent nos Etats, plus que jamais vulnérabilisés pour cause de richesses de leurs sous-sols. Richesses sur lesquelles lorgnent toutes les grandes puissances et assimilées, sans vergogne. Les discours ne sont même plus édulcorés comme par le passé. Les choses sont dites crûment. Le Niger est la chose de la France. Circulez ! Il n’y a rien à voir ! Et si vous n’êtes pas contents, c’est du pareil au même ! Nos pré-carrés sont inexpugnables. Disons presque tous. Le Tchad, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, etc. ! Vous oubliez le Bénin ? Non, ce pays, n’est qu’une excroissance qui ne recèle aucune potentialité du sous-sol ! Ah, bon ? Mais, dites, et si le Sénégal et la Côte d’Ivoire virent au rouge ? Vous faites quoi ?
Là, ce serait la fin des haricots. Kaput la France-Afrique ! L’Europe en déclin inexorablement. La France sur les traces des pays en développement. La fin d’un monde. C’est ce que vous souhaitez ?