« En Iran, l’État contrôle presque tous les aspects des libertés civiles, y compris la liberté d’expression, de réunion, d’association, de religion et de participation politique », selon un rapport du Département d’État américain. Et d’ajouter : « après les manifestations de novembre 2019, les forces de sécurité ont arrêté 8600 manifestants et en ont tué environ 1500. » L’État iranien est sans conteste l’un des plus répressifs au monde. Le système est tel que l’Ayatollah (Ali Khamenei) conserve le pouvoir ultime en tant que chef de l’État en contrôlant les principales institutions non élues, notamment les forces de sécurité, les médias gouvernementaux et le pouvoir judiciaire. Bien que détenteur du pouvoir exécutif, le président de la République (Ebrahim Raïssi) est totalement désarmé face à un ‘’Guide suprême’’ (Ayatollah), véritable dieu sur terre. Depuis la mort de Mahsa Amini, jeune Iranienne arrêtée par la police des mœurs le 13 septembre pour « port de vêtements inappropriés », des manifestations éclatent dans le pays.
Lors des funérailles de la jeune femme, à Saqqez (Kurdistan), des slogans tels que “Mort au dictateur” ont notamment été entendus ce 19 septembre. Bras d’honneur ultime, des manifestants ont jeté des projectiles sur le portrait du guide suprême. « De nombreux manifestants sont convaincus que Mahsa est morte sous la torture », selon l’agence de presse iranienne Fars. Au-delà de la personne de l’Ayatollah, la colère populaire, portée majoritairement par les femmes, est surtout dirigée contre la loi islamique, imposée en Iran après la révolution de 1979 et qui oblige les femmes à se voiler et à porter des tenues longues et amples. Ce n’est pas la première fois que des manifestations éclatent en Iran ces dernières années. La population défie régulièrement le dur régime en place. La mort de Mahsa Amini va-t-elle déclencher l’onde de choc à même de mettre à terre le régime des Ayatollah ? Les observateurs se montrent prudents à ce sujet. La République Islamique d’Iran a survécu a bien de tensions sociopolitiques. Une fois de plus, elle saura, sans doute, se tirer d’affaire.