La diplomatie est un art subtil, fait de nuances et de finesse. Il est donc déroutant, voire exaspérant, de constater que deux figures emblématiques du régime déchu, à savoir l’ex-ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou et le général Mahamadou Abou Tarka, ancien président de la Haute autorité à la consolidation de la paix, semblent avoir décidé de jeter à la poubelle ces préceptes élémentaires.
Selon les récentes informations de Jeune Afrique, ces deux pantins de la Renaissance ont été reçus par le président Emmanuel Macron à l’Élysée fin septembre. Leur démarche ? Plaider ardemment pour une intervention militaire de la CEDEAO au Niger, avec l’appui de la France, sous le prétexte de rétablir l’ordre constitutionnel. Une démarche qui frise la trahison.
Il est en effet difficile de saisir la logique derrière une telle requête. Quelle ironie que ces deux hommes, jadis au-devant de la scène politique au Niger, se retrouvent à solliciter une intervention étrangère contre leur propre pays ? Oublient-ils l’histoire tumultueuse des interventions extérieures en Afrique et les cicatrices profondes qu’elles ont laissées ? Croient-ils sérieusement qu’une opération “chirurgicale” – un terme choquant en soi – pourrait réellement restaurer la paix et l’ordre sans déclencher une cascade de répercussions imprévues ?
L’attitude de Massoudou et Tarka est d’autant plus incompréhensible lorsqu’on sait que Macron, dans un élan de prudence, a préféré garder ses distances face à leur plaidoyer. Si le président français, avec toutes les ressources diplomatiques à sa disposition, hésite à s’engager, pourquoi ces deux hommes persistent-ils dans une voie manifestement dangereuse ?
Leur obsession pour le retour au pouvoir de Mohamed Bazoum ne devrait pas les aveugler au point de risquer la stabilité de tout un pays. L’avenir du Niger ne doit pas être pris en otage par des ambitions personnelles ou des loyautés mal placées. Il est grand temps que Massoudou et Tarka réalisent que la solution à la crise actuelle ne se trouve pas dans les couloirs de l’Élysée, mais au cœur du dialogue et de la réconciliation entre les Nigériens eux-mêmes.
La Rédaction