Suite à l’entretien accordé par Hassoumi Massoudou, ancien ministre des Affaires Etrangères du Niger, à RFI et France 24 depuis Abuja le lundi 14 août, il est impératif de relever les contradictions flagrantes et les postures incohérentes qui témoignent d’une déconnexion profonde avec la réalité.
D’emblée, l’affirmation selon laquelle une intervention militaire est à l’agenda de la CEDEAO, mais qu’elle ne constituerait pas une “guerre contre le Niger”, est pour le moins absurde, un non-sens total voire une tromperie. Comment peut-on évoquer l’idée d’une intervention armée sans concevoir la gravité et l’impact potentiellement dévastateur que cela pourrait avoir sur le pays ? Une intervention militaire, quelle que soit sa justification, est une violation directe de la souveraineté d’un État et ne devrait pas être traitée à la légère ou banalisée.
La prétendue inquiétude de Massoudou face à la dégradation sécuritaire sonne creux, et s’apparente davantage à une stratégie de manipulation de l’opinion publique et ses commentaires sur les négociations avec le CNSP laissent entrevoir une vision manichéenne des événements actuels. Affirmer que les négociations “n’ont abouti à rien du tout” est une caricature qui démontre soit une ignorance déconcertante des dynamiques diplomatiques, soit une volonté délibérée de désinformation. Dans les deux cas, cela n’est pas digne d’un ancien ministre des Affaires étrangères. De telles déclarations peuvent également entraver le processus de réconciliation en cours en décourageant le dialogue et en exacerbant la méfiance mutuelle.
La position intransigeante de Massoudou, conditionnant tout dialogue à la restauration immédiate de Bazoum Mohamed dans ses fonctions en excluant totalement la possibilité d’une transition, est non seulement irréaliste mais constitue également une arrogance et une rigidité qui ne peuvent qu’exacerber la crise. Une approche plus nuancée et ouverte serait plus propice à la recherche d’une solution pacifique et durable à la crise actuelle.
Mais la cerise sur le gâteau reste sa déclaration finale : « Pas question de parler de transition» qui serait « l’acceptation du fait accompli du coup d’État ». Vraiment, Monsieur Massoudou ? Fuir la réalité ne la change pas. Refuser d’envisager une transition, c’est méconnaître les principes fondamentaux des mouvements démocratiques et l’histoire contemporaine car une transition peut être une étape vers une démocratie plus inclusive et résiliente. Ou peut-être est-ce simplement une tentative désespérée de s’accrocher au pouvoir à tout prix ?
En somme, cet entretien est un tissu d’incohérences, de contre-vérités et une démonstration de rhétorique myope. Hassoumi Massoudou semble plus préoccupé par ses ambitions personnelles et politiques que par le bien-être du Niger et de ses habitants. Il est grand temps que de telles voix déformantes soient écartées du débat public pour faire place à une véritable réflexion sur l’avenir du pays.